«Ce qui compte avant tout n’est pas que le support que nous utilisons (ordinateur, bande magnétique…) soit la mémoire immuable, la trace exacte de nos intentions, c’est qu’il permette par sa nature même de réaliser des phénomènes nouveaux que nous serions sans lui complètement incapable d’imaginer et de traduire sous quelque forme que ce soit; ce qui constitue une avancée remarquable par rapport à la composition instrumentale.»

— Patrick Ascione, 1996

Né à Paris en 1953, Patrick Ascione suit une formation de 3 années (1977 à 79) dans les studios du {acro:gmeb} (Groupe de musique expérimentale de Bourges) — aujourd’hui {acro:imeb} (Institut international de musique électroacoustique). Durant cette période il compose Métamorphoses d’un jaune citron qui, primée au Concours international de musique électroacoustique la même année, lui permet de participer à la première session d’informatique musicale de l’{acro:ircam} où il découvre la composition par ordinateur. Il rejoint ensuite le {acro:gmeb} comme animateur où il approfondit parallèlement les techniques électroacoustiques, travaille la composition et rencontre de nombreux compositeurs au cours des Festivals organisés par le Groupe.

Après un passage au GES de Vierzon (qui deviendra le CAP (Centre d’art acousmatique et de polyphonie spatiale), dont il sera co-responsable jusqu’en 1991), il se consacre à la recherche et à la composition en indépendant et est invité par les principaux centres et studios français (GMEA à Albi, {acro:gmvl} à Lyon, {acro:ircam} à Paris, {acro:cirm} à Nice, Studio Delta Plus à La Rochelle, Musiques & Recherches à Ohain,…). Aujourd’hui, c’est à l’{acro:inagrm} (Groupe de recherches musicales de l’Institut national de l’audiovisuel) à Paris et à l’{acro:imeb} à Bourges qu’il compose le plus souvent dans le cadre de commandes de ces centres ou de commandes de l’État.

Plusieurs fois lauréat, nominé ou sélectionné lors de prix ou de concours internationaux, son répertoire comporte une trentaine d’œuvres pour le concert et quelques travaux d’application. Il participe régulièrement à des jurys de classes de conservatoires, concours de composition ou concours d’entrée en CeFedem, et enseigne depuis 2004 la musique électroacoustique à l’École de musique de Cherbourg.

Pleinement engagé dans l’art acousmatique qu’il compare dès ses débuts (1978) à la peinture (et moins à la «musique») pour son rapport fondamental et plastique à la notion de support et de fixation des sons, des couleurs et des formes, il entreprend une série d’œuvres traitant précisément de ces question et phénomène déterminants (Métamorphoses d’un jaune citron, Bleus et formes, Polyphonie-polychrome…).

Il travaille dans le même temps le point de la lisibilité des œuvres en concert introduisant les notions d’«écriture de l’espace» et de «polyphonie spatiale» et propose l’adoption et le développement du principe de composition multipiste comme nouveau système référentiel de fixation spatiale et sonore de l’œuvre. Il crée la première pièce composée et projetée sur 16 pistes réelles (Espaces-Paradoxes) suivie d’autres travaux sur 16 et 8 canaux (Chants sphériques, Couleurs d’espaces…). Cette démarche à partir d’un nombre élevé de pistes «démixées» permet l’ouverture des données de l’œuvre par la répartition directe dans le lieu du concert des principaux éléments qui la composent (voies, figures spatiales et mouvements, plans…) engendrant une perception séparée et naturelle de tout ce qui concourt à l’œuvre.

Two distinct esthetic periods characterize his course of work: during the first, from 1977 to ’87, the composer placed an emphasis on the ties unifying acousmatic art and painting; ties arising from the use of a common permanent working surface which permits the painter to directly place his colors on the canvas just as the composer immediately captures sonorities on magnetic tape… He expressed this analogy and attempted to explore its ramifications in virtually all the works of this period (Métamorphoses d’un jaune citron, 1978, Bleus et formes, 1981…).

In the second period, from 1987 to the present, following upon this initial preoccupation, he presented the idea of a ‘spatial polyphony’ (‘polyphony’ of spaces and not uniquely of sounds); he inaugurated this path in 1989 with Espaces-Paradoxes composed for 16 tracks. The concert works thus developed have as their objective the mastering and integration of the spatial dimension of the piece from the very beginning of its elaboration in studio via adequate multi-track techniques.

A number of his pieces have been awarded prizes and mentions at various international competitions: Fontaines (La Défense/{acro:sacem}, France, 1978); Métamorphoses d’un jaune citron (Bourges, France, 1979); Lune noire (Noroit-Léonce Petitot, France, 1989); Espaces-Paradoxes (Ars Electronica, Austria, 1994). He was also a recipient of the ‘Léonard de Vinci Prize’ for Canada from the French Minister of Foreign Affairs (1991).