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«… si les poissons distinguent à la façon de l’esthète les parfums en clair et foncé, et si les abeilles classent les intensités lumineuses en termes de pesanteur, l’obscurité étant pour elles lourde et la clarté légère…» Ces suppositions, trouvées dans Lévi-Strauss, conviendraient assez bien aux variations de la pensée perceptive à l’écoute de cette rêverie. Distance, vitesse, pression, densité, température, couleur, intensité, constituent les «thèmes» des 27 brèves cellules qui s’enchaînent et se fondent dans l’apparente unité du mouvement. Une onde se balance sur deux tierces mineures. Le balancement grave, toujours le même et toujours varié, tourne dans une myriade de dessins aigus clignotant en couches de densité et de mobilité croissantes. Par moment le tissu est troué de ciels piqués de petites comètes. Au centre un lent glissement accroche des harmoniques lointaines de l’accord de base. Vers la fin revient ce grand glissement qui part en flammes. Fines lignes et ronflements proviennent du chant d’une toupie ancienne en rotation. Et enfin (pour le sourire) Toupie dans le ciel, par son titre, se rappelle de Lucy in the sky (with diamonds) des Beatles, Lucie, la plus ancienne australopithèque (3 millions d’années), notre grand-mère africaine, dans l’Érosphère. Le titre d’Érosphère fait allusion au désir contenu dans l’écoute et renvoie aux repères très primitifs qui entretiennent l’attention auditive et fondent le plaisir musical. |