Informations
Titre en français : Si c’était du jour
Année de composition : 1999
Durée : 16min 27s
Notice (fr) : Il se trouve justement que la première musique de ce soir, Si c’était du jour, de Philippe Mion, est née d’un geste concret et d’une ténacité réelle: celui de porter un objet lourd, celle de ne pas le laisser choir. Voici ce qu’en dit le compositeur: «En amont: une intention de se confronter à l’idée de rythme. Plus tard, lors d’une séance de recherche en prise de sons, une lourde caisse pleine d’objets divers entre les mains: la petite tétanie que le poids impose aux muscles du bras vient amplifier, révéler la nervosité naturelle; tout tremble, vibre, frétille, oscille, s’entrechoque microscopiquement. La voie est ouverte, me conduit à entretenir et explorer ce tremblement, à parcourir avec délicatesse le poème infini des secousses et de leurs répercussions, et encore à jouer de cette sonnaille grossière en produisant fracas et fatras, tintamarres et capharnaüms; façon «rat dans une caisse à outil… Le champ poétique et musical s’étant élargi, émergent désirs de rythmes et rythmes de désir, fébrilité sentimentale, énergies de vouloir et de convoitise, dans une écriture par pans où est sans cesse convoquée la mémoire.»

Ainsi, au principe, le rêve (vieux rêve!) d’une inscription directe du geste en musique (au prix d’un grand effort physique cependant — d’une souffrance presque). Est-ce ce principe générateur, porteur et rythmique, qui donne à Si c’était du jour ce caractère enlevé? Car cette musique me semble effectivement elle-même portée, transcendant ce qu’elle s’incorpore, et le menant à plus de fluidité et de légèreté — vers le jour, sans doute, dont parle le titre. Les silences ici sont «bienveillants» — ils promettent (que ceux qui connaissent se souviennent, par contraste, de ceux, calamiteux et désespérés, de Confidence).

Forte de son principe fluidifiant et voulant l’éprouver, elle prend en charge ce qu’il y a de plus trivial, séquences sonores confinées, sèches et brutales qui pourraient évoquer dans un autre contexte la plus désespérante scène de ménage (c’est sans doute ce que Mion appelle «rat dans une caisse à outil»; un rat d’une singulière présence humaine et qu’on entend renifler à 7’12»). Mais tout cela est appelé ailleurs, s’évente merveilleusement dans la danse vers un lieu de grand air, plus vaste et plus risqué. Lieu auquel on ne parvient jamais tout à fait, vers lequel seulement il s’agit d’aller: l’œuvre se termine sur une insistante séquence scandée qui pourrait évoquer la remontée d’Orphée vers le jour — (tant qu’il ne se retourne pas, ça va).

Rédacteur (fr) : [source: reseauxconcerts.com]
Exécution : 22099
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Philippe Mion 100% Compositeur M