Notice (fr) : |
Forêt profonde est un mélodrame acousmatique d’après l’essai de Bruno Bettelheim Psychanalyse des contes de fées (The Uses of Enchantment, traduit de l’américain par Théo Cartier, Éditions Robert Laffont, Paris 1976) dont voici la troisième version; version profondément modifiée et dont la durée est presque doublée par rapport aux versions précédentes. Forêt profonde est une œuvre qui m’habite depuis près de quinze ans et dont la réalisation finale m’a demandé plus de deux années. Entreprise treize ans après Sous le regard d’un soleil noir, Forêt profonde s’inspire, elle aussi, d’une réflexion psychanalytique. Lecture adulte de contes pour enfants qui oscille entre le souvenir de mes émerveillements naïfs et la découverte de leurs mécanismes secrets. Peut-être cette hésitation entre deux âges présente-t-elle le risque de ne s’adresser ni à l’un, ni à l’autre; mais il se peut néanmoins que l’intuition magique de l’enfance, qui en nous ne dort jamais que d’un œil, rappelle des révélations enfouies et que l’esprit rationnel prenne plaisir à déchiffrer, sous le contenu manifeste de cet inconscient universel, la logique de son contenu latent. Il s’agit d’une écoute à trois niveaux — romanesque, symbolique, musical — plus déconcertante, sans doute, mais plus active que l’écoute unidimensionnelle. La trajectoire humaine de Bruno Bettelheim, dont la réflexion est à l’origine de ce parcours en étoile, interfère, pour des raisons évidentes, avec ces histoires de jadis qui nous questionnent sur notre époque. Visite guidée de l’âme enfantine qui n’est, à vrai dire, qu’un retour au monde initiatique — à la fois cruel et rassurant — des contes de fées. Forêt profonde comporte 13 sections dont les six Chambres (sections 1, 3, 6, 8, 10, 12) sont des périodes/lieux de transit, sortes de passages secrets entre les sept sections thématiques (sections 2, 4, 5, 7, 9, 11, 13). Ces Chambres ne comportent pas ou peu de texte. Chacune des 13 sections emprunte un bref élément, une couleur, un ‘esprit’, à l’une des 13 Kinderszenen (Scènes d’enfants) op. 15 de Schumann, en hommage à ce compositeur pathétique, happé par la profondeur de sa forêt. Je remercie Inés Wickmann Jaramillo de m’avoir offert une poétique prise de son colombienne ainsi que Beatriz Ferreyra qui m’a si amicalement permis de lui emprunter un court mais savoureux extrait de son Petit Poucet magazine (1985). |
Notice (en) : |
Forêt profonde (Deep Forest) is an acousmatic melodrama, based on Bruno Bettelheim’s essay The Uses of Enchantment (Alfred A Knof/Random House, New York 1976), of which this is the third version; an extensively modified version, almost double in length compared to earlier versions. Forêt profonde is a work that has accompanied me for the past fifteen years, and its final production required more than two years. Begun thirteen years after Sous le regard d’un soleil noir, Forêt profonde also derives its inspiration from a psychoanalytic reflection. An adult reading of children tales that moves between the memory of my naïve wonder and the discovery of its secret mechanisms. This hesitating between two ages perhaps presents the risk of failing to reach either one; but it is nevertheless possible for the magical intuition of childhood, that always sleeps in us with one eye open, to revive buried revelations, and for the rational mind to delight in deciphering, under the manifest content of this universal unconscious, the logic of its latent content. It is a listening on three levels — novelistic, symbolic, musical — more disconcerting no doubt, but more active than an unidimensional listening. The human journey of Bruno Bettelheim, whose thoughts are behind this star shaped course, interferes, for obvious reasons, with these old stories that confront us with questions on our time. A guided tour of the childhood soul, which is nothing more than a return to the initiatory world — both cruel and reassuring — of fairy tales. Forêt profonde comprises 13 sections, of which the 6 “Rooms” (sections 1, 3, 6, 8, 10 and 12) constitute transit periods/areas, secret passages of sort, between the seven thematic sections (sections 2, 4, 5, 7, 9, 11 and 13). These “Rooms” contain little or no text. Each of the 13 sections borrows a brief element, a colour, an atmosphere, from the 13 Kinderszenen (Scenes from Childhood) op. 15 from Schumann, as a tribute to this pathetic composer, engulfed in the depth of his forest. I wish to thank Inés Wickmann Jaramillo for offering me a poetic Colombian sound recording, and Beatriz Ferreyra for allowing me in such friendly manner to borrow a short but colorful excerpt from her Petit Poucet magazine (1985). |
Autres informations (en) : |
Forêt profonde was commissioned by the French State (Music Office) and the {acro:inagrm} (Paris). A bursary from the Canada Council [for the Arts] (category A) was awarded for the composition of the work. Most of the materials and the treatments were obtained through the Syter (real-time sound synthesis system) at the {acro:inagrm}, and the piece was produced at the composer’s studio in Montréal. The present version was premiered on June 8, 1996 during a concert presented by {acro:acreq} (Association pour la création et la recherche électroacoustiques du Québec) at Usine C in Montréal. The two first versions were premiered respectively in Paris on May 16, 1994 during the Cycle acousmatique Son-Mu of the {acro:inagrm}, in the Salle Olivier Messiaen of the Maison de Radio France (Paris, France), and on September 1st, 1995 at the Futura Festival of Acousmatic Art in Crest (France). The piece was awarded the “Prix de la meilleure création contemporaine électroacoustique” (best contemporary electrocoustic work) of the Prix de Printemps 2007 organized by {acro:sacem}. |