Informations
Titre en français : Novars
Année de composition : 1989
Durée : 19min 7s
Instrumentation (fr) : bande stéréo
Instrumentation (en) : stereo tape
Commande de : {acro:inagrm}
Dédicace (fr) : À la musique concrète et à Pierre Schaeffer, son ‘inventeur infortuné’
Dédicace (en) : To musique concrète and Pierre Schaeffer, its ‘ill-fated inventor’
Notice (fr) :

«… un instant transportée dans des retrouvailles magnifiées des premières illuminations ‘concrètes’ de mon enfance […]. Peut-être étais-je seule ce soir à être si émue à l’écoute de ces dernières ‘mesures’…»

Marie-Claire Schaeffer-Patris, lettre personnelle au compositeur.

Novars salue la naissance de la musique concrète, Ars Nova de notre siècle, en utilisant les ressources de l’ordinateur.

Il ne s’agit donc pas de pasticher mais, au contraire, de témoigner qu’à travers les moyens les plus actuels, un langage a bel et bien été transmis. Peut-être est-il possible aussi, sans établir de symétrie simpliste, de suggérer qu’à six siècles de distance, il existe quelque parenté entre ces deux théoriciens d’un art nouveau: Vitry et Schaeffer.

Ainsi, une oreille ‘classique’ pourra-t-elle reconnaître des fragments de l’Étude aux objets (1959) de Pierre Schaeffer et de la Messe de Nostre Dame (1364) de Guillaume de Machaut. Ces emprunts détournés constituent en effet — avec un troisième élément sonore, sorte d’hommage/clin d’œil à Pierre Henry et à sa porte célèbre — tout le matériau qui donne naissance à de multiples variations.

Signe de changement: des mutations ‘spectromorphologiques’ (Denis Smalley) donnent ici aux sonorités de l’Ars Nova et à celles de la ‘musique nouvelle’ (comme la désignait Schaeffer en 1950) le son de notre temps. Signe de continuité: quelque chose des œuvres originales (leur couleur, des structures…) reste cependant présent, indestructible.

François Bayle écrit à sujet de Novars:

«Il y a, à l’écoute des œuvres de Francis Dhomont, la marque évidente d’un style.

On y trouve des traits, des signatures: longues trajectoires ‘respirées’, alternances bien conduites de formes fortement inscrites et de traces fines et légères, jeux des proportions et des masses en mouvements. Ou comme dans son Chiaroscuro — l’une des plus réussies — un goût baroque de la richesse timbrique aux contours ombrés, traversée de fragments identifiables, vocaux souvent, vivants toujours.

Il y a le sens de l’accent et du long soupir, conduit jusqu’au silence finement écouté, cadré et placé avec le soin méticuleux du photographe pour qui tous les détails d’arrière-plans comptent, évidemment, et peut-être plus ou sinon autant que les intentions musicalement soulignées auxquelles ils s’incorporent.

Mais dans Novars il est à noter quelques distinctions qui donnent couleur et attraction spéciale à une œuvre qui s’est placée dans un propos bien particulier. L’élément-cellule rythmique, qui propose une danse lente s’appuyant sur une note complexe, un emprunt monté en épingle (choisi dans l’Étude aux objets de Pierre Schaeffer), et qui, se détachant d’un fond coloré de timbres-voix moirée (et ‘brassés’ d’après Machaut) projette sur l’œuvre cette évocation de Pavane (pour des amours certainement pas défuntes!).

Les respirations, élancements, jetés-glissés, aux gestes si chorégraphiques font contrepoids aux enchevêtrements rythmiques formant troisième personnage-sonore de cette histoire, histoire de temps et contretemps, en forme d’énigme.

Et en effet le jeu se développant dévoile petit à petit les sources de son inspiration. Ou plutôt ce dévoilement s’accompagne d’une longue mise en perspective, d’une distance prise à l’égard des sources citées, et d’une couleur d’outre-monde à la Tanguy, de ces plages où s’effile dans des tonalités de «ciel de métal» (Giono) cet hommage au renouveau.

Dédiée «à la musique concrète», cette œuvre éclaire avec douceur ses références, et nous laisse après l’écoute sous le charme de sa prégnance. Comme dans … mourir un peu — la prolongerait-elle? —, nous voici offert un bien étrange et bienfaisant moment de réflexion.» (Paris, 16 juin 1991)

Notice (en) :

“… one moment transported in beautified memories of the first ‘concrète’ illuminations of my childhood […]. Perhaps I was the only one to be so moved by the sound of these last ‘measures’…”

Marie-Claire Schaeffer-Patris, personal letter to the composer.

Novars salutes the birth of musique concrète, the Ars Nova of our century, by calling upon the resources of the computer. The intention is not to create a pastiche but, on the contrary, to testify that by the most advanced means a language has been passed on. It may also be possible to suggest, without establishing a simplistic symmetry, that there exists a link between these two theorists of a new art: Vitry and Schaeffer.

The ‘classical’ ear will perhaps recognize fragments from Schaeffer’s Étude aux objets (1959) and Guillaume de Machaut’s Messe de Nostre Dame (1364). These quotations, along with a third sound element — a sort of homage to Pierre Henry and his infamous door — are the sole materials giving birth to multiple variations.

A sign of change: ‘spectromorphologic’ (Denis Smalley) mutations give to sonorities of the Ars Nova and to ‘new music’ (as Schaeffer named it in 1950) the sound of our time. A sign of continuity: something from the original works (their color, their structure…) remains present, indestructible.

François Bayle writes about Novars:

“In listening to the works of Francis Dhomont, one senses a unique voice.

One finds traits and signatures: long ‘breath-like’ trajectories, masterful alternations of deeply engraved forms and light refined lines, play with proportions and moving masses. Like in Chiaroscuro — one of his most successful — a baroque taste for timbral richness and shadowy contours, interrupted by identifiable fragments, often with vocal qualities, always alive.

There is a sense of accentuation and deep breathing, leading to a finely heard silence, framed and placed with the meticulousness of a photographer for whom every background detail counts as much as, and maybe more than, the foreground musical intentions.

Novars contains refinements that add fresh color and new light to the work’s main purpose. The rhythmic cellular element is that of a slow dance based on a complex note, a pegged quotation (taken from the Étude aux objets by Pierre Schaeffer) and, detaching it from the ‘moiré’ vocal timbres (‘stirred up’ à la Machaut) projects on the work an evocation from the Pavane (for loved ones, certainly not dead!).

The breaths, thrusts, and ‘jetés-glissés’ (thrown-slid) of well choreographed gestures counterbalance the rhythmical accumulations forming a third sound character to this tale; a tale of time and contretemps, in riddle form.

Indeed, as the tale proceeds, it slowly unveils its sources of inspiration. Or rather: this unfolding comprises lengthy placements into perspective, of a distance towards quoted sources, with Tanguy-like otherworldly colors, of the beaches where this homage to the ‘revival’ evolves in “metal sky” (Giono) tonalities.

Dedicated “to musique concrète”, this piece gently illuminates its references and leaves us under its profound charm. As with … mourir un peu — is it its timelessness? — we are offered a strange yet beneficent moment of reflection.” (Paris, June 16th, 1991)

Date (fr) : 1 septembre 1991
Date (en) : 1 septembre 1991
Autres informations (fr) : Novars — 3e des quatre pièces du Cycle du son — été réalisée au Studio 123 de l’{acro:inagrm} (Paris, France) et au studio du compositeur et créée le 29 mai 1989 dans le cadre du 11e Cycle acousmatique du {acro:grm} au Grand auditorium de la Maison Radio France (Paris). Cette pièce a été sélectionnée par le International Computer Music Conference ({acro:icmc} ’90), de Glasgow (Écosse, 1990) et la Société internationale pour la musique contemporaine ({acro:simc}) pour les Journées mondiales de la musique de 1991 à Zürich (Suisse). De plus, le jury du Stockholm Electronic Arts Award l’a sélectionnée pour présentation au concert des lauréats du concours à Stockholm (Suède, 1991). Remerciements à Pierre Schaeffer qui a aimablement permis l’emprunt de quelques propositions sonores désormais historiques; gratitude à Bénédict Mailliard, Yann Geslin et Daniel Teruggi, si patients, sans qui il aurait été impossible de domestiquer le Studio 123 et le système de synthèse sonore en temps réel {acro:syter} de l’{acro:inagrm} (Paris, France). Novars est une commande de l’{acro:inagrm}.
Autres informations (en) : Novars — 3rd of the 4 works in the Cycle du son — was realized at Studio 123 of the {acro:inagrm} (Paris, France) and at the composer’s studio and premiered on May 29th, 1989, as part of the 11th {acro:grm} Acousmatic Concert Series at the Grand Auditorium of Rthe Maison Radio France (Paris). This piece was selected by the 1990 International Computer Music Conference ({acro:icmc} ’90) in Glasgow (Scotland), and by the International Society for Contemporary Music ({acro:iscm}) for the 1991 World Music Days in Zürich (Switzerland). The jury of the 1991 Stockholm Electronic Arts Award also selected it for performance at its award concert in Stockholm (Sweden). Special thanks to Pierre Schaeffer who has kindly allowed the quotation of a few sound propositions, now historic; and to Bénédict Mailliard, Yann Geslin and Daniel Teruggi without whose patience it would have been impossible to domesticate Studio 123 and the Syter real-time sound synthesis system of the {acro:inagrm} (Paris, France). Novars was commissioned by the {acro:inagrm}.
ID CEC : 41047
ID catalogue CEC : 11073
Exécutions : 22066, 22069, 28657, 31008
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Francis Dhomont 100% Compositeur 1 M
Création
Date : 29 mai 1989
Lieu : Grand Auditorium — Maison de Radio France
Ville : Paris
Pays : France