Informations
Titre en français : Humeur de facteur
Année de composition : 1998-99
Durée : 54min 14s
Instrumentation (fr) : bande stéréo
Instrumentation (en) : stereo tape
Notice (fr) : «C’était le vertige. Un étourdissant, un insurmontable désir de tomber.» — Milan Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être

Cet Humeur de facteur avec ses six mouvements, est conçu comme un «ordre» à la François Couperin. Chaque pièce, malgré son unicité, est partie intégrante du tout.

Projet obscur, projet intimidant, latent, implication redoutable et angoissante d’expression. Humeur de facteur patientait dans ma tête depuis tellement longtemps. Jour après jour, dans mon atelier de fabrication de clavecins, en plein travail concret et tangible, j’entend tous ces sons-bruits se superposant à l’odeur de bois qui m’entoure, formant une ambiance remarquablement musicale et expressive. L’instrument en construction, ce clavecin en croissance, devant moi, parle déjà beaucoup, volubile, bien avant sa vie utile. La caisse vivante et sa table d’harmonie me relancent sans cesse, par une résonance profonde et musicale, les moindres manipulations des outils, trusquin, cordes molles et pointes de laiton. Des ambiances toutes particulières en ressortent. Le grand instrument en construction me donne de petits instruments sonores. Allons-y! Captons tout cela: magnétophone, micros, banc de scie et scie sauteuse… moteur, on tourne! 6 heures de bande.

Le facteur se retrouve, comme à l’habitude, avec une montagne de matériaux bruts, tous tendres à être manipulés, triturés, à être coupés, recoupés dans tous les sens, coupe à blanc, transversale. Sensation de déjà vu! Cette matière est tellement expressive, mature avant l’âge, satisfaisante; le facteur ne s’y laisse pas prendre, le travail ne fait que commencer. Sublimer le tout, remodeler, chorégraphier tous ces petits instruments dans une fiévreuse partition. L’‘égalisateur’ ne me coupera pas un doigt, le ‘pitch shift’ sans écharde, le ‘reverb’ sans écorchure, processus sans blessure. La connaissance de ces outils informatiques acquise depuis plusieurs années jumelée à une expérience maritime toute récente m’amènent à des conceptions sonores bien lointaines de mes pensées initiales. Mais, pourquoi pas! Le clavier dans le cockpit, les drisses claquant sur le mat, les voiles en quinte, sautereaux à l’octave.

Notice (en) : “It was vertigo. A heady, insuperable longing to fall.” — Milan Kundera, The Unbearable Lightness of Being

Humeur de facteur, with its six movements, was conceived as an “ordre” in the style of François Couperin. In spite of the unique nature of each section, each one makes up an integral part of the whole.

An enigmatic project, an intimidating one, latent state, formidable demanding, agonizing. Humeur de facteur was in my head for a very long time. Day after day as I worked — physical, tangible labour — in my harpsichord-building shop, I would hear sound-noises superimposed on the smell of the wood that was constantly in the air around me. This created a remarkably musical and expressive atmosphere. The instrument being constructed, the harpsichord taking shape before me, was already speaking to me, voluble before its useful life had begun. The living case and the sound-board would constantly bounce back even the slightest touch of a tool, a marking gauge, a loose string, or a brass tack with a resonance that was deep and musical. The tones that came from it were unique. The large instrument under construction was giving me smaller, sonorous instruments. Let’s go! Let’s record all of this: tape recorder, microphones, table saw, sabre saw, and… Action! — six hours of tape.

The builder finds himself, as ever, with a mountain of raw material ready to be worked, ground, cut, re-cut along every plane, clear-cut, cross-cut. A sense of déjà vu. The material is so expressive, already mature, so satisfying; but the builder does not let himself become distracted by this as the work has barely begun. All of these little instruments must be channelled, remodelled, and choreographed into a frenzied score. The equalizer will cut no finger and the pitch shift will leave no splinter, the reverb no graze — the process is one that threatens no injury. The understanding of these computerized tools, acquired over many years, comes together with a much more recent knowledge of the sea — together they have lead me to ideas about sound that are very far removed from those that I had initially. And why not? The keyboard in the cockpit, the halyards clattering against the mast, the sails in fifths, the quills running up the octave.

Rédacteur (fr) : Yves Beaupré
Rédacteur (en) : Yves Beaupré
Date (fr) : 1 novembre 2001
Date (en) : 1 novembre 2001
Autres informations (fr) : Humeur de Facteur a été composée en 1998-99 au studio du compositeur. La bande maîtresse de la présente version a été préparée en collaboration avec Robert Normandeau en mars 2001.
Autres informations (en) : Humeur de facteur was composed in 1998-99 in the composer’s own studio. The master tape of the version presented here was prepared in collaboration with Robert Normandeau in March 2001.
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Yves Beaupré 100% Compositeur 1 M
Mouvements
1 Prélude démesuré 3min 16s
2 La Beauséjour 12min 11s
3 La Laurendeau 13min 12s
4 La Pelots Point 9min 33s
5 La DDB 9min 4s
6 Péroraison 6min 40s