Informations
Titre en français : Léone
Année de composition : 1993
Durée : 1h 12min 40s
Forme musicale (fr) : opéra électroacoustique mixte
Forme musicale (en) : mixed electroacoustic opera
Instrumentation (fr) : soprano, mezzo-soprano, ténor, baryton, basse, bande stéréo
Instrumentation (en) : soprano, mezzo-soprano, tenor, baritone, bass, stereo tape
Commande de (fr) : État (Direction de la musique, France)
Commande de (en) : French State (Music Office)
Notice (fr) : Léone, Dédé (mari de Léone), Madame Schmidt (mère de Léone), La juge, Monsieur Schmidt (père de Léone), Le clochard, Un voisin, La fermière, La pompiste, Une voisine, Le pompier


L’histoire de Léone est du ressort de la destinée plutôt que de la psychologie. S’il y a du tragique à chaque instant l’œuvre s’apparente davantage à un récit épique qu’à une pièce dramatique. Les faits divers, réels, dont le livret s’inspire sont ‘gros’, énormes; en les lisant dans le journal on se refuse à y croire. Ils ont ici fonction de faits mythiques. C’est par eux que se construisent les folles trajectoires de ces vies qui avaient tout pour être ordinaires.

Résumons: on mange bien chez les Schmidt, épiciers dans un bourg de Lorraine (France). Le drame se noue en famille en période de Noël. Il y avait de la dinde farcie et du riesling. Le gras Mr Schmidt en aura une attaque. Léone, leur fille, a des problèmes de ventre; elle est stérile. Elle vole un bébé dans une maternité et tente de simuler un accouchement. La supercherie ne tient pas; elle passe en jugement et va en hôpital psychiatrique jetant l’opprobre sur la famille. Sa mère en meurt. Dédé, le mari de Léone, taxidermiste (!) perd sa dignité, perd sa clientèle, perd sa femme qui s’enfuit et perd la tête: il commet deux meurtres, part en ‘cavale’ à la recherche de Léone, et rencontre un mystérieux clochard qui a tout l’air d’être son double. Léone, errante et désespérée, tente de se suicider. Elle est sauvée par le pompier. Dédé la retrouve enfin en gare de Strasbourg, lui demande de revenir, de repartir à zéro…

Lorqu’en 1984 Philippe Mercier (metteur en scène de la création de Léone) et moi-même avons proposé à Philippe Minyana d’écrire le livret, je rêvais, et je crois Mercier aussi, d’emphase, de tragique, d’agonies sublimes…; je souhaitais des scènes archétypiques pour les envisager à la fois avec sincérité et distance afin que le drame se fonde comme étant aussi celui des chanteurs aux prises avec le texte; mais je rêvais aussi de phrases simples, d’une écriture franche et directe, d’un récit, d’une trajectoire claire.

Ma rencontre avec Philippe Minyana a été un véritable coup de foudre, j’ai immédiatement pensé que j’avais à faire avec cet écrivain et je remercie Philippe Mercier d’avoir eu cette intuition juste et de me l’avoir fait connaître à ce moment-là.

Philippe Minyana traite d’horreur et de destinées tragiques. Par le ton, le style, il m’autorisait ce choix d’une écriture vocale à la fois lyrique et proche du parlé, homogène; ainsi, me semble-t-il, à travers les personnages et leurs propos, on n’oublie jamais le travail et le risque des chanteurs, l’acte distancié de profération d’un écrit.

Mais Philippe Minyana parle aussi de vies ordinaires, de «vies minuscules» (ses personnages ont des mots de ‘tous les jours’ d’une humanité bouleversante), il m’a toujours paru épouser leur destinée, chanter leur misère, nous faire partager leur souffrance et leur folie; jamais de cynisme. Cet aspect, essentiel pour moi, m’a permis d’opter pour une sincérité d’expression, un engagement, en particulier dans les rapports qui s’établissent entre le contexte musical électroacoustique et les chanteurs.

En ce sens, avec son histoire, ses personnages, ses choeurs, Léone s’inscrit dans la continuité des conventions de l’opéra; mais elles sont déplacées par la présence mystérieuse de cet orchestre fantômatique: la partie électroacoustique, composée en studio, fixée sur support et projetée par un large dispositif de haut-parleurs. Celle-ci n’a pas pour fonction de rajouter quelques effets sonores dramatiques mais bien de constituer intégralement le discours musical au même titre qu’un orchestre.

Léone a été conçu pour des voix ‘nues’, sans amplification à l’exception de deux personnages particulièrement emblématiques (la juge et le clochard) dont les voix légèrement transformées sont projetées par un haut-parleur inclu dans l’espace scénique.

Après une préfiguration réalisée en 1987, Léone a été terminé en 1992-93.

Philippe Mion, Paris (France), mai 1996

La partie électroacoustique de Léone a été composée dans les studios de l’{acro:inagrm} (Paris) et du {acro:grame} (Lyon). L’enregistrement (prise de son de Christian Zanési), le montage et le mixage (Philippe Mion avec l’aide technique de François Donato) pour ce disque ont été effectués dans les studios de l’{acro:inagrm} d’avril à novembre 1995.

Notice (en) : Léone, Dédé (Léone’s husband), Mrs Schmidt (Léone’s mother), Prosecutor, Mr Schmidt (Léone’s father), Bum, A neighbor (man), Farmer’s Wife, Woman gas station attendant, A neighbor (woman), Paramedic


The story of Léone is more a matter of destiny than of psychology. Tragic elements may well be present throughout, the work nonetheless remains closer to an epic poem than a stage play. The actual human interest story which was the source for the storyline is simply incredible. Reading about it in the papers, it staggered belief. Here, that unbelievable story provides the mythical dimensions which allow lives which are by all appearances ordinary to turn utterly insane.

To summarize: no one ever went away hungry at the Schmidt’s, who were grocers in a little town in eastern France. The drama unfolded at Christmas time. There was stuffed turkey and Riesling wine for the family meal, and the fat Mr Schmidt had a heart attack. Léone, the daughter, had gynecological problems; she was sterile. She stole a baby from a maternity ward and pretended that she had given birth to it, but people saw through the hoax. She was tried and sent to a psychiatric hospital, thereby casting shame on the family, which led to her mother’s death. Her husband Dédé, who was a taxidermist (!), lost his dignity, his clientele and his wife, who ran away and went mad. He thereafter committed two murders and ran off to find Léone, during which time he met a mysterious bum who seemed very much to be his double. Wandering and desperate, Léone attempted suicide, only to be saved by the paramedic. Dédé finally found her in the train station in Strasbourg, and asked her to come back and start a new life together…

In 1984, when Philippe Mercier (who directed the first production of Léone) and I asked Philippe Minyana to write the book, I was thinking in terms of grandiloquence, tragedy and sublime deaths. I was looking for archetypal scenes which could be taken both with sincerity and distance, so that the drama would also have as its basis the drama of opera singers struggling to come to terms with the book. But I also had in mind uncomplicated sentences, a direct, unadorned style, a straightforward storyline.

My first meeting with Philippe Minyana was electrifying. I knew immediately that this was the writer I had to work with, and I am very grateful to Philippe Mercier for having sensed this and for having introduced him to me at the time.

Philippe Minyana deals in horror and tragic destinies. His tone and his style gave me the opportunity to write for voices in a homogeneous style that was at once lyrical and close to the spoken language. This, it seems to me is why the characters and what they say never allow us to forget the work of the singers and the risks involved, the distance that necessarily exists in the vocal performance of a finished piece of writing.

But Philippe Minyana also speaks of ordinary lives, “insignificant” lives (the “everyday” language of his characters is poignantly human). I have always had the feeling that he shared their destiny, gave voice to their misery, and made us feel their suffering and their madness; there was never a trace of cynicism. This was essential for me, and it allowed for sincerity of expression and a personal commitment on my part, especially with regard to the interplay between the singers and the electroacoustical musical context.

In a way, given its storyline, its characters and its choirs, Léone follows very much in the line of conventional opera, but the conventions have shifted ground, because of the mysterious presence of the phantom orchestra; the electroacoustic music that was composed and recorded in a studio and is broadcast over a bank of loudspeakers. The electroacoustic music is not intended to add a few dramatic sound effects; it constitutes the whole of the music, just as an orchestra would.

Léone was conceived for “natural” voices, with no amplification other than for two particularly symbolic characters (the prosecutor and the bum) whose slightly distorted voices come through loudspeakers incorporated into the decor.

Following an earlier version performed in 1987, Léone was finished in 1992-93.

Philippe Mion, Paris (France), May, 1996

The electroacoustic part of Léone was composed in the {acro:inagrm} studios (Paris) and the {acro:grame} studio (Lyon). The recording (sound engineering by Christian Zanési), editing and mixing (Philippe Mion, with the technical assistance of François Donato) for this compact disc were done in the {acro:inagrm} studios between April to November 1995.

Date (fr) : 1 mai 1996
Date (en) : 1 mai 1996
Autres informations (fr) : Léone a été créée en version scénique le 15 mai 1993 au 16e Festival Perspectives (Sarrebruck, Allemagne) dans une mise en scène de Philippe Mercier (Théâtre du Pont-Neuf) sous la direction musicale de Laurent Cuniot et avec Jean-François Fabe, Guy Flechter, Véronique Hazan, Sylvia Marini, Liliane Mazeron et Pascal Sausy.

La composition de Léone a bénéficié de l’appui de la Fondation Beaumarchais (Aide à l’écriture), d’une commande de l’État (Direction de la musique, France, 1992) et de l’accueil en studio de l’{acro:inagrm} (Paris) et du {acro:grame} (Lyon).

Merci à: François Donato, Gislaine Drahy, Alain Lamarche, Philippe Mercier, Philippe Minyana, Jean Christophe Thomas et Christian Zanési.

Autres informations (en) : Léone was first brought to the stage on May 15, 1993 at the 16th Perspectives Festival in Saarbrücken (Germany). It was directed by Philippe Mercier (Théâtre du Pont-Neuf), and performed under the musical direction of Laurent Cuniot by Jean-François Fabe, Guy Flechter, Véronique Hazan, Sylvia Marini, Liliane Mazeron and Pascal Sausy.

Léone was composed with the support from the Fondation Beaumarchais (Funds for Writers) and was commissioned in 1992 by the French State (Music Office), with the residences from {acro:inagrm} (Paris) and {acro:grame} (Lyon).

My thanks to: François Donato, Gislaine Drahy, Alain Lamarche, Philippe Mercier, Philippe Minyana, Jean Christophe Thomas and Christian Zanési.

Artistes impliqués
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Philippe Mion 70% Compositeur 1 M
Philippe Minyana 30% Auteur M
Création
Date : 15 mai 1993
Ville : Sarrebruck
Pays : Allemagne