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Un animal inconnu, en fait, un être assez louche qui louvoie entre l’animal et l’humain, aura passé sa vie à aménager son terrier. Parvenu à l’âge mûr, il contemple son œuvre avec un mélange de fierté et d’inquiétude. Il a creusé des tunnels, aménagé des places, créé des ouvertures secrètes, exercé son endurance et sa ruse au maximum, et pourtant, il ne s’y sent jamais tout à fait à l’abri, sauf pendant de brefs moments d’égarement. Il juge sévèrement ses œuvres de jeunesse qui forment l’entrée zigzagante de sa demeure. Le moindre bruit l’obsède et il demeure constamment préoccupé par la venue possible d’un concurrent qui pourrait causer sa perte. Son inquiétude est d’autant plus grande qu’il ne connaît absolument pas cet ennemi. Notre animal passe par des moments de découragement tels que parfois, il sort en courant de sa tanière dans l’espoir de ne plus jamais y revenir. Pourtant, après avoir passé quelque temps à observer, de l’extérieur, l’entrée de son terrier, il finit toujours par y retourner. Kafka ne voudra jamais nous dire vraiment quel est cet animal occupé sans relâche à réaliser l’œuvre de sa vie: cette architecture complexe qui est destinée, on le devine, à devenir finalement son tombeau. Comme son personnage, Kafka brouille résolument et savamment toutes les pistes à mesure qu’il ouvre de nouvelles galeries. On en vient à se demander si la demeure, que cet animal aura passé sa vie à construire, ne représente pas l’œuvre de l’artiste lui-même, et l’intrus tant redouté, son lecteur éventuel. |