Titre en français : | Bromios |
Année de composition : | 1994 |
Durée : | 13min |
Notice (fr) : | Avec ma pièce Bromios commence ce souci que je repère dans mon travail et qui est celui du silence. Souci qui revient à poser la question de la provenance et du devenir des sons: ce qui les tient ensemble dans la musique. Ténacité encore — mais qui n’est ici rien d’audible — et le détermine d’autant plus… À la réécouter aujourd’hui cette musique m’apparaît âpre, sombre et anguleuse, comme trouée par endroit de puits de lumière. Travail sur les affrontements et les oppositions: oppositions de masses, oppositions entre faible et forte dynamiques, oppositions entre stridences et sons sourds et mats, etc. Je ne peux résister à citer ici la critique qu’en fit à l’époque de sa création (1994) Jean-Christophe Thomas. Cette critique, qui apparaîtra peut-être plutôt «négative», constitue pourtant à mes yeux un témoignage d’écoute très fidèle: «…La musique de Renouard Larivière est très inhibée, tamisée. Musique pour moi à vrai dire bien énigmatique. Pleine de sous-entendus grandioses ou pathétiques… que «les personnes arrivées en retard» (comme dirait Gilles Margaritis) — c’est-à-dire toutes celles qui ne sont pas «dans le secret» — regardent comme des choses étrangères, lointaines, des chaînes de montagnes ombreuses et inhabitées, des signes vides. Comme si la musique était un art signifiant, par exemple — et qu’ici on ne saurait traduire — et non un art tout immédiat, où ce qui tout d’abord se donne à nous est l’intrinsèque, la pure jouissance sonore. À vrai dire je n’y comprends rien: cette musique me paraît trop lente (comme par erreur diffusée à 19?m/s), trop uniforme: est-ce l’enregistrement qu’on m’en donna (…) qui est infidèle? Il y a peut-être maldonne, et l’œuvre ne ressemble pas du tout à ça (…). Réécoutée, elle recèle bien un indéniable ésotérisme: avec d’emblée plusieurs entrées, deux ou trois débuts contrastés (j’ai dû me tromper de route); elle est sûrement très bien «construite», avec ses retours concertés de motifs et de personnages (toujours déconcertant le concerté d’autrui, si l’on reste dehors); un discret paroxysme, à la fin: dommage…» (in Recherche/Musique, juin 1994) Quant au titre, Bromios: c’est un mot grec qui se traduit par le bruyant, le rugissant, ou le bruissant. C’est l’un des nombreux surnoms de Dionysos: dieu de la vie étouffée et souffrante qui couve comme un feu et reprend soudain en s’affirmant avec un éclat nouveau; dieu de la terreur et du ravissement; dieu du vacarme assourdissant, par lequel il s’annonce, et qui n’est tel qu’à proportion du silence qu’il masque et dont il est l’envers: comme les silences qui suivent les tumultes des batailles (tout cela, donné à titre indicatif, ne constitue en rien le programme de l’œuvre, mais seulement ses coïncidences possibles. Bromios n’est pas non plus un portrait du dieu — sujet redoutable et trop vaste pour moi.) |
Rédacteur (fr) : | [source: reseauxconcerts.com] |
Exécution : | 22099 |
Nom | Part | Fonction | Id éditeur | Genre |
Régis Renouard Larivière | 100% | Compositeur | M |