Informations
Titre en français : Quatuor no 10 en mi bémol majeur
Titre en allemand : Streichquartett Nr. 10 in Es-Dur
Numéro de catalogue : D 87, op 125 no 1
Tonalité : Si bémol majeur
Année de composition : 1813
Instrumentation (fr) : quatuor à cordes
Instrumentation (en) : strings quartet
Notice (fr) : Une des particularités de la musique de chambre de Schubert est son évolution en pente douce, par opposition à Haydn ou à Beethoven, dont la manière en ce domaine a connu des mutations plus soudaines. Dès les premières œuvres de Schubert en ce genre, composées pour des exécutions domestiques centrées autour du quatuor familial (ses frères Ferdinand et Ignaz aux violons, lui-même à l’alto et son père au violoncelle), la musique possède déjà en son essence ces touches et cet esprit si personnels qui vont graduellement s’affiner et gagner en cohérence jusqu’aux derniers quatuors et le Quintette, D. 956. Malgré les influences et les emprunts, et parfois même les gaucheries des tout premiers quatuors qui nous sont parvenus (composés, il faut le dire, lorsque Schubert n’avait que quinze et seize ans), on y découvre ces mélodies aux tournures inimitables, cette sensibilité aux modulations harmoniques qui font que ces œuvres sont aussi «schubertiennes» que celles de la maturité. À ce propos, l’accession à la maturité chez Schubert a fort heureusement été très rapide, et la pente douce de son évolution, comprimée dans une vie si brève et franchie par un travail si acharné, prend alors une allure plus escarpée, mais toujours sans saccades. Et puis, peut-on vraiment parler d’«accession à la maturité» chez un artiste dont le parcours génial a été anéanti à l’âge de trente et un ans?

Le Quatuor en mi bémol majeur, composé en 1813 (mais publié en 1840, seulement après sa mort, comme tant de ses œuvres) fait partie de ces quatuors domestiques, écrits dans ses années de collégien alors qu’il était l’élève d’Anton Salieri. On y sent planer tout au long l’esprit de Mozart, quoique le Scherzo rappelle plutôt l’humour tout viennois d’un Haydn. Même si les idées semblent parfois assez dispersées (on a tout de même affaire à un garçon de 16 ans!), ce qui semble déjà typique de Schubert dans cette œuvre, c’est le modelé, le phrasé concentré de la mélodie. Ce quatuor, cependant, paraît exempt d’une mélancolie — qu’on peut déceler tout de même dans quelques œuvres de la même époque — qui eût pu présager d’une certaine gravité future. Place plutôt ici à la lumière et à la joie!

Notice (en) : One characteristic of Schubert’s chamber music is its gradual stylistic development, in contrast to Haydn’s or Beethoven’s, whose styles each underwent more sudden changes. From the outset, Schubert’s works in this genre — composed for domestic performances centered around the family quartet (his brothers Ferdinand and Ignaz on violins, himself on viola and his father on cello) — already contain in essence an individuality that will ripen and take shape over the years, up until the last quartets and the Quintet, D. 956. Despite the influences, borrowings and sometimes even the clumsiness of Schubert’s first extant quartets (composed, admittedly, when he was only 15 and 16 years old), one finds in them those inimitable melodies and sensitive harmonic modulations that make these works as Schubertian as the later ones. Incidentally, it is remarkable how rapidly, albeit gradually, Schubert’s art matured — if one can decently speak of ‘maturity’ in a man whose creative path was so abruptly cut short at the age of 31.

The Quartet in E-flat major, composed in 1813 (but published in 1840, only after his death, like so many of his works) is among those domestic quartets, written during his student years while he was a pupil of Anton Salieri. The spirit of Mozart pervades the entire work, although it is Haydn’s Viennese humor that comes to mind in the Scherzo. Though some of the musical ideas may seem a bit scattered (one mustn’t forget we’re dealing with a 16-year-old boy, here!), the element that appears most typically Schubertian in this work is the concentrated manner in which the melodies are contoured and phrased. This quartet, however, appears exempt of a melancholy — nevertheless sometimes present in a few works of the same period — that could have signaled a certain future gravity. Instead, all is light and bliss here.

Rédacteur (fr) : Jacques-André Houle
Rédacteur (en) : Jacques-André Houle
Date (fr) : 12 décembre 2006
Date (en) : 12 décembre 2006
Exécutions : 20252, 328615, 329830
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Franz Peter Schubert 100% Compositeur M