Informations
Titre en français : Quatuor no 8 en si bémol majeur
Numéro de catalogue : D 112, op posth 168
Tonalité : Si bémol majeur
Année de composition : 1814
Instrumentation (fr) : quatuor à cordes
Instrumentation (en) : strings quartet
Notice (fr) : Pour le mélomane, évoquer le nom de Schubert fait immanquablement regretter la mort par trop hâtive qui le faucha à l’âge de trente et un ans. Mais à dix-sept ans, en 1814, Schubert ne pensait pas à la mort: il songeait à son art et à son avenir. Il espérait avant tout d’échapper à la profession d’instituteur à laquelle le destinait son père, et à cet effet, il avait entrepris ce qu’il croyait, finalement à tort, pouvoir le mener à la réussite: la composition d’un opéra, Des Teufels Lustschloss (Le Château de plaisance du diable), terminé en octobre 1814. L’œuvre demeura muette. Cependant, il eut plus de succès avec sa première Messe complète, celle en fa majeur, terminée au cours de l’été de la même année, et qui fut jouée à deux reprises au mois d’octobre.

Tout absorbé qu’il était par ces œuvres vocales, Schubert trouva le temps — et il en fallut peu! — pour composer le Quatuor en si bémol majeur, D. 112. Il en avait commencé le premier mouvement le 5 septembre, pour l’achever le jour même, «en 4 heures _», comme il l’a écrit au bas de sa partition. S’il est vrai que Schubert avait déjà amorcé ce mouvement en tant que Trio, ce qui a dû lui faciliter la tâche lorsqu’il entreprit le Quatuor, il est quand même extraordinaire de voir ce jeune homme pouvoir «composer la musique aussi vite qu’il la copie», comme l’écrit Alfred Einstein dans son livre sur Schubert. Dans le court développement de cet Allegro ma non troppo, nous avons un exemple assez frappant de ce trait si schubertien, où chaque énoncé dans un ton majeur est aussitôt repris dans sa forme mineure. Écrit du 6 au 10 septembre, l’Andante sostenuto, en sol mineur, dégage une sombre sérénité que quelques instants de bonne humeur n’arrivent pas à dissiper. Ici, certains échos des mouvements lents des quatuors «Les Dissonances», K. 465 et «Hoffmeister», K. 499 de Mozart se font entendre. Le Menuetto a été complété en un jour, le 11 septembre. Sa section Trio, en rappelant le premier mouvement et en annonçant un peu le dernier, constitue un bel élément d’unité. D’ailleurs, tout le quatuor profite d’une certaine unité de ton, cette sorte de sérénité un brin triste du second mouvement, qui démontre un souci de sérieux chez Schubert. Le Presto final, terminé le 13 septembre, se défait autant qu’il le peut de cette chape trop lourde en affichant plus d’esprit et de verve. Aussi, et surtout, il fait entendre en germe bien des éléments du Scherzo de la «Grande» Symphonie en do majeur. Ce quatuor ne fut publié qu’en 1863.

Notice (en) : Evoking the name of Schubert invariably causes the music lover to bitterly regret his precipitous death at the age of 31. In 1814, though, Schubert was not thinking about death, but rather of his art and his career. He was hoping above all to escape the narrow path set forth by his father, which was to lead him to the teaching profession. To achieve this, he attempted what he thought was the quickest route to success, and set himself to composing an opera, Des Teufels Lustschloss (The Devil’s Pleasure Palace), completed in October 1814. This was to no avail, as the work was to remain unperformed. However, he had better luck with his first complete Mass, in F major, finished during the summer of that year, and performed twice that October.

Although he was quite occupied with these vocal works, Schubert did find the time-and he needed little of it-to compose his String Quartet in B flat Major, D. 112. He had started work on the first movement on September 5 and finished it on the same day, “in 4_ hours,” as he noted at the bottom of the score. Schubert, it is true, had begun this movement as a Trio, which must have simplified his task when he set to work on the Quartet; yet it is extraordinary to witness him able to “compose as fast as he can copy,” as Alfred Einstein puts it in his book on Schubert. In the short development section of this Allegro ma non troppo, there is a striking example of that eminently Schubertian trait, where each phrase in the major is immediately repeated in the minor. Written from the 6th to the 10th of September, the Andante sostenuto, in G minor, permeates the air with a clouded serenity that a few happy moments cannot dissipate. Here, one recognizes certain echoes from the slow movements of Mozart’s ‘Dissonance’, K. 465 and ‘Hoffmeister’, K. 499 quartets. The Menuetto that follows was completed in one day, on September 11; its Trio, in recalling the first movement and somewhat announcing the last, makes for a valuable unifying element. In fact, the entire quartet has a certain sameness of tone, that sort of slightly sombre tranquillity from the second movement, which hints to Schubert’s serious approach to the work. The final Presto, finished on September 13, tries as best it can to shed that heavy cloak by its spirited and brisk composure. Remarkably, it also anticipates certain elements of his ’Great’ C Major Symphony. This quartet was published only in 1863.

Rédacteur (fr) : Jacques-André Houle
Rédacteur (en) : Jacques-André Houle
Date (fr) : 19 avril 2007
Date (en) : 19 avril 2007
Exécutions : 20267, 20282
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Franz Peter Schubert 100% Compositeur M