«Il faut imaginer les premiers travaux de musique concrète, en studio, dans les années quarante du siècle dernier, comme un face à face étrange et inquiétant entre une unique membrane haut-parlante et la tête-oreille de celui qui l’écoute. Même si, cependant, dès les débuts, la musique concrète se souciait de donner à entendre ses compositions, en concert, sur un système de haut-parleurs déjà multipliés, je me demande, aujourd’hui, si cette musique n’aura pas perdu là, paradoxalement, l’une de ses spécificités premières qui serait d’avoir su aborder et éprouver, en tant qu’expérience originaire, cet enjeu du point focal comme instance quasi-magique: puits sonore où se pencher était jouir d’une rencontre véritable avec le lieu même de tous les sons du monde… Comment, aujourd’hui, travailler une poétique avec, dans ses mains, la simplicité du son qui parle plutôt que de s’enfouir sous une profusion techniciste? Train de nuit (Noord 3-683) est donné à entendre, sur disque comme en concert, avec un unique haut-parleur.»

— LM

“We have to imagine the first steps of Musique Concrète, in the studio, during the 40s of the last century, like a strange and disturbing face to face between a Loud Speaking unique diaphragm and the Ear Head of the listener. Even though from the beginning, its creators often wanted it to be heard on a multi-phonic device, I still wonder whether this music hasn’t lost its original specificity through this practice. As a native experience, it has tackled and felt, at stake with the focal point as a near magical instance. By leaning above this well of sounds, it becomes possible to enjoy a real encounter with the true location of all sounds in the World. How could we work poetics today with in our hands the simplicity of a sound that speaks rather than a profusion of techniques? Train de nuit (Noord 3-683) is played in concert on one loudspeaker and should be played as so on record.”

— LM