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Invisible Irène (présentée en version 2 pistes), sur des textes de Tchouang-tseu, commande du Sonic Arts Network, est une pièce pour bande seule dédiée à Irène Jarsky. Dans cette pièce comme dans Invisible, version plus longue pour soprano et bande, on entend la voix d’Irène Jarsky, parlée et chantée, ralentie, imitée par des voix de synthèse, et même «hybridée» avec le souffle du vent, à l’instar de Cézanne, qui voulait allier «des courbes de femmes à des épaules de colline». L’œuvre a été inspirée par le livre Le città invisibili d’Italo Calvino, et aussi par les écrits du philosophe et poète taoïste chinois Tchouang-tseu, évoquant les sons et les êtres, le ciel et la terre, le souffle, la parole, l’idée, le vide. Elle cite brièvement aussi Wang Wei, Lao Tseu, Dante, Basho, Heine, Goethe, Longfellow et Leopardi. Certains des sons qui répondent à la voix d’Irène Jarsky ne viennent pas eux non plus d’un monde physique, visible, palpable. Les transformations de la voix la transportent dans une acoustique fictive, qui n’est plus la trace audible de vibrations mécaniques dans un monde matériel. Le recours à la synthèse et au traitement numérique de la voix permet de mettre en œuvre des processus immatériels, des espaces imaginés, à l’instar des cités invisibles de Calvino. La pièce a été réalisée à Marseille — au GMEM et au LMA du CNRS. Les sons qui accompagnent la soprano ont été obtenus par des processus de synthèse ou de traitement numérique de la voix qui tirent parti des ressources du GMEM et des recherches effectuées dans l’Équipe Informatique Musicale du LMA. On entend ainsi des voix imaginaires synthétisées par le programme MUSIC V, des harmonies-timbres réalisées grâce à MUSIC V ou SYTER, des ralentissements ou accélérations sans transposition, harmonisations, hybrides de voix et de vent produits à l’aide du programme SOUND MUTATIONS qui fait appel aux grains de Gabor ou aux ondelettes. L’auteur remercie particulièrement Daniel Arfib et Thierry Voinier. |