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Commandée par le Groupe de recherches musicales (GRM), Mutations (présentée en version stéréophonique) a été entièrement synthétisée par ordinateur aux Bell Laboratories. Cette pièce tente d’exploiter, notamment dans l’ordre harmonique, quelques-unes des possibilités qu’offre l’ordinateur de composer au niveau-même du son — pour ainsi dire de composer le son lui-même. Ainsi, tout au début, un même motif apparaît d’abord sous forme mélodique, puis harmonique — comme un accord, enfin sous forme de timbre, comme un simulacre de gong qui est comme l’ombre de l’accord précédent — l’harmonie est prolongée dans le timbre. Le titre fait allusion aux transformations graduelles qui s’opèrent au cours du morceau, et notamment au passage d’une échelle de hauteurs discontinues à des variations de fréquence continues. Ce passage se fait par l’intermédiaire de développements en mutations — au sens des jeux de mutations (ou de mixtures) de l’orgue: l’ajout graduel d’harmoniques de plus en plus élevés donne lieu à un réseau d’intervalles de plus en plus resserrés. Les sons continus glissent vers l’aigu suivant une montée «en spirale» qui peut se poursuivre indéfiniment — un paradoxe ou une illusion acoustique. Après un pont faisant appel — pour la première fois dans une œuvre musicale — à la technique de modulation de fréquence de John Chowning, une récapitulation fait entendre ensemble échelles de hauteur continues et discontinues, jusqu’à un point final qui libère les composantes aiguës et graves des structures harmoniques initiales. Le film abstrait Mutations a été réalisé à partir de la musique par l’artiste américaine Lillian Schwartz. Mutations, primée à l’International Electronic Music Competition, Dartmouth 1970, est enregistrée sur le disque compact monographique INA C1003. |