Notice (fr) : |
La pièce utilise principalement des sons enregistrés dans le massif des Calanques à Marseille. Ces sons ont été traités par ordinateur au studio 123 (informatique musicale) du {acro:grm}. Je remercie Bénédict Mailliard et Yann Geslin qui m’ont initié à cette puissante batterie de programmes. Je remercie également Daniel Teruggi pour son introduction au studio 116 où la pièce a été mixée. Les éléments de mixage comportent aussi diverses séquences synthétisées par ordinateur avec le programme MUSIC V à Marseille (Faculté des Sciences de Luminy et Laboratoire de mécanique et d’acoustique du {acro:cnrs}). Au début, et par instants, la pièce se présente comme une «phonographie», suivant le terme de François-Bernard Mâche — elle fait allusion ici et là à Luc Ferrari, Knut Victor, à Michel Redolfi, musicien de la mer, à Georges Boeuf et ses abysses, aux oiseaux chanteurs de François Bayle. Si je suis parti d’un petit nombre de séquences sonores — enregistrements de mer, d’insectes, d’oiseaux, de carillons de bois et de métal, de «gestes» brefs joués au piano ou synthétisés à l’ordinateur — je les ai multipliées en leur appliquant diverses opérations: moduler, filtrer, colorer, réverbérer, spatialiser, mixer, hybrider. Cézanne voulait «unir des courbes de femmes à des épaules de collines»: de même la synthèse croisée permet de travailler «dans l’os même de la nature» (Michaux), de produire des hybrides, des chimères — d’oiseaux et de métal, de mer et de bois… J’y ai eu recours surtout pour transposer des profils, des flux d’énergie. Ainsi la pulsation d’enregistrements de mer est par endroits appliquée à d’autres sons — alors qu’à d’autres moments les vagues ou déferlements sonores n’ont aucune parenté avec la mer. Une échelle de hauteur (sol — si — mi — fa dièse — sol dièse) exposée d’abord par des sons synthétiques, va colorer divers sons d’origine naturelle: elle devient dans la dernière partie une véritable grille harmonique qu’oiseaux ou vagues font résonner, à la façon d’une harpe éolienne. Les multiples sons engendrés peuvent être repérés sur un schéma ressemblant à un arbre généalogique; leur agencement met en jeu plusieurs niveaux de rythme, et, peut-on dire, une logique de flux. |