Informations
Titre en français : Minuit
Année de composition : 1989
Durée : 40min 2s
Instrumentation (fr) : bande stéréo
Instrumentation (en) : stereo tape
Dédicace (fr) : À Francis Dhomont
Dédicace (en) : To Francis Dhomont
Notice (fr) :

1: Prologue

«Quand le doigt montre la lune, l’idiot regarde le doigt.»

— proverbe

S’il y a une histoire à Minuit, ce ne peut être que celle, idéale, d’un saut, d’une traversée.

2: Minuit (Minuit; Enfer)

Ce Minuit je le vois comme un haut lieu de la nuit, de cette nuit lumineuse dans la tête, à partir duquel tout bascule, où se défait l’emprise des lois et des interdits, quand s’ouvrent les portes et déferlent les vagues tumultueuses de l’inconscient. Le diamant au cœur de la nuit.

«La sexualité et la mort ne sont que les moments aigus d’une fête que la nature célèbre avec la multitude inépuisable des êtres, l’un et l’autre ayant le sens du gaspillage illimité auquel la nature procède à l’encontre du désir de durer qui est le propre de chaque être.»

Georges Bataille

Plus encore que de dire quelque chose à travers un texte, ce que j’ai cherché à atteindre c’est donc un lieu: situé nulle part ailleurs que dans l’œil du cyclone: dans la beauté de l’amour, l’exubérance de la vie et l’horreur de la mort. Le lieu d’où cette parole qui est dite, parle. Car s’inscrivant dans un espace vide, une zone tenue pour inexistante et sur laquelle donc, le silence à jamais est fait, cette parole, ne pouvant énoncer ce qui est pressenti, tend de toutes ses forces à se maintenir devant ce vide, au bord de cette limite, celle, juste avant sa défaillance et sa chute, de sa propre interdiction. Voilà ce que la littérature, depuis toujours, ne cesse de nous montrer.

3: Immémorial (Traversée; Immémorial; Épilogue)

«L’espace sans limite d’un soleil qui témoignerait non pour le jour, mais pour la nuit libérée d’étoiles, nuit multiple.»

Maurice Blanchot

Ne serait-ce que le temps d’un éblouissement, parfois, j’en suis certain, moi aussi j’ai cru voir… quelque chose. Et c’est cette parole qui, excédée par son objet, a maintenant basculé dans un lieu de tous les possibles (parole atomisée au surgissement débridé, circulaire), qu’il me faudra désormais essayer de comprendre.

Le texte, ici d’une écriture éclatée en retour constant sur elle-même, fondu dans le matériau sonore dont il s’échappe par instants pour jaillir, cristallisations verbales véhicules du sens, est le noyau de cette dernière partie. Noyau physique, puisque c’est de la chair des mots, du son de la voix même, dont ce matériau est dérivé (chaque bloc textuel est en effet toujours présenté accompagné de ses propres dérivations sonores), et noyau conceptuel: on procède par bonds, ruptures, dérapages et répétitions à l’image folle de ce lieu de parole que l’on pressent parfois comme étant «l’autre», cet autre versant d’une traversée continuellement ajournée: l’Impossible, peut-être.

Écriture: rapport texte-son

Cette division de Minuit en trois parties correspond aux trois textes autour desquels la pièce est construite. Chacun d’eux se distingue par un type d’écriture déterminant un mode de mise en situation de la voix ainsi qu’un type d’écriture sonore.

Partie Écriture textuelle Fonction de la voix Écriture sonore
1 narrative: linéaire conteur ponctuelle, trames, arrière plan au texte
2 narrative: linéaire narratrice orchestrale, hétérophonie, intégration texte-son
fragmentée: bribes de phrases commentaires, situations
3 narrative: linéaire narratrice dérivation, variation et répétition
parcellaire-cyclique: atomisation acteur: délirante (matériologique)

Notice (en) :

1: Prologue

“When the finger points at the moon, the idiot looks at the finger.”

— proverb

If there has to be a story to Minuit, it can only be the ideal one of a leap, a passage.

2: Minuit (Minuit (Midnight); Enfer (Hell))

I see this Minuit as a high place of the night, of this luminous night in the head, beyond which all things topple over and where laws and interdictions (restrictions) release their grip. There the gates open up and the waves of the unconscious break in with a tumultuous fury. The diamond in the heart of the night.

“Sexuality and death are none other than the peak moments of a celebration that nature undergoes with the inexhaustible multitude of beings. One and the other have the sense of the unlimited waste in which nature proceeds contrary to the desire of lasting that is each being’s own.”

Georges Bataille

Beyond merely saying something with a text, it was a place I searched for. A spot right in the eye of the cyclone, in between the beauty of love, the exuberance of life and the horror of death. The place from which this word that is being said, is spoken. For being inscribed in an empty space, a place held as non-existent and on which silence forever is made, this speech unable to state what is sensed, tries with all its strength to maintain facing the void, on the edge of this limit: just before its failing and fall, the limit of its own interdiction (restriction). Here is what literature, for all time has been showing us.

3: Immémorial (Traversée (Crossing); Immémorial (Immemorial); Épilogue (Epilogue))

“The unlimited space of a sun that would testify not for the day, but for the night, freed of stars, multiple night.”

Maurice Blanchot

At times in a dazzling moment, I am certain, I thought I saw… And it is this speech exceeded by its own object, now toppled over in a place of all possibles — shattered words rising up in an unbridled circular way — that from now on I will have to try and understand.

The text — here of a fragmented and continuously recurrent writing — blended into the sound material out of which it sometimes escapes to spring, verbal crystallizations carriers of sense, is the nucleus of this last part of the piece. Physical nucleus, since it is from the flesh of words, from the sound of the voice itself that this material is derived — in fact each textual block always comes surrounded by its own sound derivations, and conceptual nucleus: one proceeds by leaps, ruptures, skids and repetitions wildly alike this place of speech one senses sometimes as being “the other,” the other shore of a crossing continuously adjourned: the Impossible, maybe.

Writing: Text-Sound Relationship

The three part division of Minuit correspond to the three texts around which the piece is made. Each one of them is written in its own particular style determining a staging mode for the voice as well as a type of sonic writing.

Part Textual writing Function of the voice Sonic writing
1 narrative: linear storyteller punctual, wefts, background to the voice
2 narrative: linear narrator orchestral, heterophony, voice-sound integration
fragmented: bits of sentences commentaries, situations
3 narrative: linear narrator derivation, variation and repetition
cyclic in particles: shattering actor: delirious (material oriented)

Date (fr) : 1 janvier 1990
Date (en) : 1 janvier 1990
Autres informations (fr) : Minuit a été réalisée de janvier 1986 à octobre 1989 au studio du compositeur. Certains éléments sonores proviennent de périodes de travail au Groupe de musique expérimentale de Marseille ({acro:gmem}), France et, pour Immémorial, sur {acro:syter} au Groupe de recherches musicales ({acro:inagrm}), Paris, France. La création en concert de Minuit a eu lieu le 31 janvier 1990 à la Maison de la culture Frontenac à Montréal et la création radiophonique le 4 novembre 1989 à l’émission Musique actuelle du réseau FM de Radio-Canada. Les textes de Christian Calon (© Calon, 1989) ont été inspirés par les idées et les écrits en particulier de: James Joyce, Charles Baudelaire, Louis-Ferdinand Céline et Antonin Artaud. Les voix sont celles de: Benoît Dagenais (le conteur: [3.1], l’acteur: [3.5]); Suzanne Lantagne (la narratrice: [3.2], [3.5], [3.6]); Philippe Le Goff, Ghislaine Dubuc, Danièle Renaud, Christopher Lea et Christian Calon. Minuit a pu être réalisée grâce à l’aide du Conseil des arts du Canada et a remporté le 1er prix de la catégorie Musique à programme au 17e Concours international de musique électroacoustique de Bourges (France, 1989).
Autres informations (en) : Minuit was composed from January, 1986 to October, 1989 in the composer’s studio. Some sonic elements come from work realized at the studio of the Groupe de musique expérimentale de Marseille ({acro:gmem}), France, and for the Immémorial section, from the {acro:syter} studio of the Groupe de recherches musicales ({acro:inagrm}), Paris, France. The concert premiere of Minuit was on January 31st, 1990 at the Maison de la culture Frontenac in Montréal; the radiophonic premiere was on November 4th, 1989 on Musique actuelle of the Réseau FM de Radio-Canada. The texts by Christian Calon (© Calon, 1989) are inspired by the writings and ideas of, amongst others, James Joyce, Charles Baudelaire, Louis-Ferdinand Céline and Antonin Artaud. The voices are those of Benoît Dagenais (the storyteller: [3.1], the actor: [3.5]); Suzanne Lantagne (the narrator: [3.2], [3.5], [3.6]); Philippe Le Goff, Ghislaine Dubuc, Danièle Renaud, Christopher Lea and Christian Calon. Minuit was made possible with support from the Canada Council [for the Arts] and was awarded the 1st prize of the Electroacoustic Program Music Category in the 17th Bourges International Electroacoustic Music Competition (France, 1989).
ID CEC : 40613
ID catalogue CEC : 10631
Exécution : 22029
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Christian Calon 100% Compositeur et auteur 2 M
Mouvements
1 Prologue 5min 9s
2 Minuit 13min 53s
3 Immémorial 13min 53s
Création
Date : 31 janvier 1990
Lieu : Maison de la culture Frontenac
Ville : Montréal
Province ou état : Québec
Pays : Canada