Cette composition importante figure parmi les dernières de Joseph Boulnois. Il l’écrivit, au front, Sur les yeux de son ami Gérard Hekking à qui elle est dédiée, Entre le 12 août et le 14 septembre 1917. C'est une oeuvre de facture très personnelle sans concessions aux habitudes et aux procédés d’école. L'analyse technique serait impuissante à en rendre la signification profonde. Quelques notations d’états d’âme empruntées aux souvenirs de l'interprète lui-même qui fut le témoin du travail de conception et de réalisation de cette Sonate serviront mieux la pensée de l'auteur :

1re partie. Dans le tréfonds mystérieux du « moi », le sentiment se cherche et, lentement, péniblement, s’extrait du chaos. Des phrases aux rythmes accusés expriment cet effort. Elles alternent avec un motif plus tendre, plus clair qui semble marquer la joie d'une prise de conscience. En conclusion, la volonté s'affirme.

2e partie. Le sentiment s'épanouit. Le rêve se précise. La beauté, la beauté d’essence divine, plane calmement.

3e partie. C'est l'évocation, quelque peu dantesque, de l'enfer grimaçant et railleur engendrant une souffrance contenue qui tord les nerfs.

4e partie. Le sentiment triomphe du trouble et de la douleur en une conclusion lumineuse énergique et franche.

Joseph Boulnois, mort pour la France à l'hôpital de Chalaines (Meuse), laisse une oeuvre considérable comportant : opéra, symphonie, musique de chambre, pièces pour orgue, etc.

[GC6-92]