Cette sonate, jouée en première audition, est conçue dans une forme très brève. Elle a été écrite en avril 1918 et appartient à la plus récente manière de l'auteur. Celui-ci, abandonnant l’impressionnisme descriptif qui domine dans la plupart de ses oeuvres antérieures, paraît vouloir revenir (comme d’ailleurs beaucoup de compositeurs de la jeune école française) à la forme synthétique et abstraite de la musique de chambre, mais en prétendant conserver tout le bénéfice des acquisitions du modernisme. Ces acquisitions se caractérisent, selon Ygouw, par la liberté absolue des enchaînements mélodiques et la répudiation de toute règle scolastique imposée, destructrice de personnalité.

Ygouw, d'origine lorraine, malgré l'assonance russe de son nom, est un compositeur largement autodidacte. Son évolution rapide et constante lui fait répudier ses oeuvres dont l'esthétique lui paraît périmée et elles sont nombreuses car sa fécondité est grande. Ne signalons donc que celles qui sont postérieures à 1915 : pièces pour piano (Vieilles impressions, Hommage à Albeniz, Musique pour un ballet inconnu, Krishna, ballet hindou, À la mémoire d'Apollinaire, Vieux Jardin, Évocation); sonates pour piano et violon, pour piano et deux flûtes, les Danses savantes pour deux flûtes seules; mélodies; quatuor à cordes; compositions destinées à l'accompagnement de spectacles dramatiques et chorégraphiques d'une forme très neuve: jeux dansés et chantés, légendes, pantomimes, etc., le plus souvent avec la collaboration d’A