Informations
Titre en français : Les Heures dolentes
Année de composition : 1903-1905
Instrumentation (fr) : piano
Instrumentation (en) : piano
Notice (fr) : 1. Épigraphe.

…la voix mélancolique et basse
De quelqu’un qui n’est plus là-bas mais se souvient
Du pays monstrueux et morne d’où il vient.
(Henri de Régnier).

C’est un Lent et grave en ut mineur; une ligne mélodique très simple se présente quatre fois, planant sur un solennel mouvement des basses, puis montant harmoniquement par degrés et revenant à sa majesté première, sombre et hiératique, sans autre développement.

La mort rôde. Dans les huit premières mesures s’élabore au-dessus d’un bondissement aérien de sol en octaves liées, une phrase de chant doublée à la « quinzième » et dont les valeurs soutenues se meublent intérieurement d’un léger tic-tac (Ex. 1):

[Exemple 1]

Ce mouvement modéré se dissout rapidement dans un 3/4 agité, sombre, où gronde une amertume rancunière. (Ex. 2):

[Exemple 2]

Ce sont ces eux éléments qui s’opposent d’une façon continue, et changent leurs situations respectives, pour faire triompher en définitive le thème (1) dans les régions les plus graves, tandis que soupirent toujours très tendres des contre-temps alanguis et attristés.

2. Des enfants jouent dans le jardin.

— À cette méditation sévère succède un éclat de joie puérile intense. Des rythmes de rondes cabriolantes et désordonnées appellent, entourent et applaudissent à l’éclosion de la chanson « Nous n’irons plus au bois », thème qui, bribe par bribe, finit par percer les sonorités pimpantes du tableau, et les force à un relief plus accusé. Un intermède très court, craintif, nuage lourd sur la gaîté de l’ensemble, inquiétude de l’ogre — ou de l’avenir — précède le retour de la farandole insoucieuse, concluant par l’envolée: Nous n’irons plus au bois; les lauriers sont coupés! Puis, une dernière cabriole et un accord donnant l’impression d’un pied-de-nez gamin.

Les autres parties de cette œuvre s’intitulent Nuit Blanche et Hallucinations.

La destinée infiniment émouvante de Gabriel Dupont ne fut qu’une longue lutte contre la maladie implacable qui le tenait déjà lorsque son nom fut pour la première fois publié comme vainqueur du concours Sonzogno et qui finit par le terrasser à la veille de la guerre.

La prescience mélancolique dont il témoigna nous rend plus chères les œuvres qu’il a laissées et dont plusieurs sont bien près d’être des chefs d’œuvres: La Cabrera, les Heures dolentes, popularisées d’abord sous leur forme pianistique, le Poème pour piano et quatuor, la Maison dans les dunes (suite de piano), La Farce du Cuvier, La Glu, Antar.

[GC6-37]

Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Gabriel Édouard Xavier Dupont Compositeur M