Informations
Titre en italien : Notte di maggio
Numéro de catalogue : op 20
Année de composition : 1913
Instrumentation (fr) : voix, orchestre
Instrumentation (en) : voice, orchestra
Notice (fr) : Ce poème pour voix et orchestre est écrit sur une poésie de Carducci:

Nuit de mai

Jamais nuit plus sereine et plus tranquille n’éclaira les belles étoiles au bord de l’onde limpide et lumineuse, et la lune antique, errante et solitaire tremblait vaporeuse sur la verdure, rompant l’ombre qui descendait des collines.

Lune candide, austère et chaste, quelles tièdes vapeurs par la nuit profonde montaient à toi des collines boisées! Comme les étoiles virginales, les nymphes semblaient s’éveiller parmi la verdure, et un suave murmure venait de l’onde. Jamais amants sous la lune n’eurent sur l’onde un bercement d’oubli pareil à celui que j’eus, moi sans amour, sous la belle verdure; « pour les belles âmes seules doit resplendir cette nuit », pensais-je, et des tombeaux et des étoiles, je vis des esprits amis venir errer sur les collines. O vous, qui dormez dans les collines maternelles, et vous dans d’humbles tombes auprès de l’onde, regardant au ciel les étoiles disparaître, sous le fixe rayon de la lune, je vous revis peupler la nuit tranquille, glissant légèrement sur la verdure émue.

Combien de ma jeunesse je revis à la dîme des collines lumineuses! la nuit vaincue fuyait vers la terre. Lorsqu’une forme vint vers moi sur l’onde, se dessinant dans la clarté de la lune, et par ses yeux riaient les étoiles. « Souviens-toi », me dit-elle. Alors les étoiles se voilèrent, l’ombre courut sur la verdure, et la lune se tut dans le ciel; des chants aigus résonnèrent par les collines, et moi solitaire, sur les ondes mourants, je sentis la nuit froide du tombeau.

Lorsque la nuit est criblée d’étoiles j’aime sur l’onde, parmi la belle verdure, contempler la lune éclatant les collines.

Ce poème pour une voix et orchestre a été écrit pendant l’été de 1913. C’est donc la dernière œuvre orchestrale de l’auteur. Elle est de quatre années postérieure à sa Suite donnée l’an dernier aux Concerts Chevillard et de six années plus jeune que le Prologue pour une tragédie, que la « Société des Grandes Auditions » a joué en juin dernier. Cela explique la considérable évolution que l’on ne peut manquer de constater dans cette œuvre. Évolution esthétique d’abord, car si le Prologue pour une tragédie était fortement influencé par Strauss et Mahler, la Notte veut être surtout latine, et — aidée par la poésie de Carducci, — plus spécialement italienne. Cela ne signifie point qu’elle le soit dans le sens vériste, encore moins dans le sens folkloriste (ou plutôt funiculiste!), mais elle est italienne dans son sentiment poétique, dans son atmosphère et dans sa déclamation.

Ensuite, on peut y remarquer une évolution technique, quant aux procédés harmoniques et instrumentaux. La disparition de l’influence germanique a entraîné avec elle la répudiation presque totale des procédés contrapuntiques, répudiation due aussi au souci de clarté, toujours croissant chez le compositeur. L’instrumentation a évolué dans un sens parallèle, cherchant surtout la qualité et la sensibilité de la sonorité et non plus la quantité. Les procédés harmoniques s’apparentent souvent à ceux de Stravinski. C’est-à-dire que, suivant une tendance qui se dessine depuis quelques années dans toute l’Europe, le musicien fait un assez large usage du contrepoint harmonique, procédé qui consiste à mélanger simultanément des accords différents, contrepoint qui — selon une jeune école — devrait prendre la place de l’ancien contrepoint mélodique. Ainsi, le dernier accord du poème, destiné à résumer l’ambiance générale de la poésie, son caractère énigmatique et mystérieux, se compose d’un agrégat où l’on trouve à la base: /. un accord de si majeur surmonté de la quarte sol dièse do dièse, 2. une zone neutre (mi dièse, sol bécarre), 3. un accord de si mineur.

[GC5-371]

Artistes impliqués
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Alfredo Casella Compositeur M
Giosuè Carducci Auteur M