Informations
Titre en français : Les levants de Tiwanaku
Année de composition : 2008
Durée : 20min
Instrumentation (fr) : orchestre
Instrumentation (en) : orchestra
Notice (fr) : Rituel Tiwanaku, site des Andes connu pour ses vastes étendues parsemées de vestiges de pierres et autres ruines témoignant de l’existence passée d’un observatoire sacré. Seuls subsistent, ici une «porte du soleil» finement gravée de personnages mystérieux, là les degrés menant vers quelque lieu d’observation d’incroyables mouvements cosmiques qui orientaient la vie de la civilisation préinca qui résidait en ces lieux. Quant aux pierres des murs et autres fondations disparues, il ne faut guère aller loin pour se rendre compte qu’elles furent utilisées comme matériau de récupération par les Européens conquérants pour construire quelques bâtiments «à l’Occidental» dans une ville voisine, blocs de maisons fonctionnelles, voire une majestueuse église, histoire de substituer une histoire spirituelle vernaculaire par une autre bien plus exogène, et ce, au gré d’une certaine force. Loin de se réclamer d’une quelconque visée anecdotique, «les levants de Tiwanaku» narre de manière métaphorique le déplacement de ces matériaux et leur adaptation «occidentale» contrainte. Cette pensée ainsi transposée musicalement, l’auditeur y découvrira les aventures originales de spectres acoustiques issus de productions instrumentales rituelles en droite ligne de cette région andine. Ceux-ci proviennent de l’étude des sonorités d’un surprenant orchestre de flûtes dont les accents résonnent au gré du «chant des Alfereces», musique de confréries latino-américaines dont le rôle est d’offrir des hommages aux Divinités. Écoutez donc ces blocs de sons étranges, aux distorsions accusées et aux comportements fréquentiels quasi chaotiques. Pourtant, canalisés, démantelés en quelques composantes harmoniques privilégiées ou en bribes mélodiques, ces échantillons prennent le contour progressif d’éléments d’un discours faisant la place belle au développement harmonique ou contrapuntique. À l’instar de mon troisième quatuor à cordes, la musique opère ici une «distorsion de distorsions» afin d’aboutir à un résultat proche des phénomènes de résonances naturelles, typiques de notre système d’écriture classique. Ainsi, la première pièce débute-t-elle par l’exploration d’un modèle hybride, issu d’une synthèse croisée entre les sons andins déjà cités et ceux d’un son grave de piano. Certes, ce ne sont que des modèles physiques, des frémissements de l’imaginaire, transposés dans le domaine de l’orchestre. Peu à peu, certaines qualités se révèlent au gré des régions instrumentales explorées, organisant un discours où l’âpreté se substitue progressivement aux couleurs subtiles d’un avatar de «Musique nocturne» fébrile. D’un giocoso en demi-teinte survient même un hommage à Edgar Varèse, grand amoureux de rituels sud-américains et amateurs des distorsions harmoniques. Ce misterioso ne cesse de nous ramener aux préparatifs psychologiques du rituel, avec ses voluptés sonores, ses éruptions acoustiques et ses scories dansantes d’où émerge une pulsation quasi cardiaque prémonitoire qui clôturera ce premier mouvement. Survient alors le Rituel. Violence des timbres et des coups de percussions fortissimo. Les sonorités des orchestres andins de flûtes explosent, transposées en une pâte orchestrale organique, distordue dans toute sa crudité. Si elles se transforment, ce n’est que pour mieux exprimer une idée d’extase traversée par quelques pas issus d’une chorégraphie imaginaire. À nouveau, la filiation avec Varèse et le «rituel» Stravinskien demeure en filigrane. Du cri aux chuchotements et du murmure aux cris ressassés. Comme pour mieux retrouver la violence initiale pour conclure l’œuvre, submergeant alors l’oreille de ces déchirures de temps mythiques. L’œuvre est une co-commande du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (Bozar Musique) et de l’Orchestre National de Belgique. Elle est dédiée à Cindy Castillo, en hommage à ses origines irrémédiablement liées à ces contrées andines. Elle fut créée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles le 9 janvier 2009 par l’Orchestre National de Belgique sous la direction de Nikolaï Alexeev.
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Claude Ledoux Compositeur M