Notice (fr) : |
La suite d’orchestre qui s’intitule ainsi est extraite du mimodrame lyrique en 3 actes écrit de 1912 à 1914. La première audition intégrale au concert fut donnée le 31 janvier 1914 aux Concerts Ziloti de Saint-Pétersbourg. Le drame fut représenté à l’Opéra de Paris en juillet 1926. Le sujet d’Orphée fut souvent traité par les musiciens: Orfeo de Monteverde, Cantatate de Clérambault, Orphée de Gluck, etc. Roger Ducasse, tout en empruntant son sujet à la fable, en a fait un poème personnel. Au premier acte, on assiste aux noces d’Orphée et d’Eurydice et à la mort de celle-ci. Au deuxième, c’est le retour d’Orphée et son ascension des Enfers à la Terre. Au troisième acte: sa mort tragique. Dans ce mimodrame, tous les personnages sont muets et le chœur, seul, figurant le peuple, commente l’action. Par ailleurs, la conception du rôle d’Orphée — a noté Laurent Ceillier — est «toute nouvelle, la puissance de son art n’étant que sous-entendue comme évidente, et il y a entre la façon de traiter le héros amoureux — comme l’a fait Gluck — et celle de le concevoir tragique — comme l’a fait Ducasse — autant de différence qu’entre la conception consolante du Requiem plein d’espoir de Fauré et celle, terrifiante, du Requiem plein d’effroi de Berlioz.» Ces considérations placeront, croyons-nous, l’auditeur dans l’esprit de l’œuvre. Les principaux épisodes sont la danse de l’hyménée, celle de la torche, et de Thanatos (la Mort), qui vient ravir Eurydice, au 1er acte; au 2e acte, le Retour d’Orphée; enfin, au 3e acte, la scène funèbre et la danse des Bacchantes. Lorsque la suite d’orchestre fut donnée aux Concerts Lamoureux, sous la direction de Chevillard, avant la représentation du mimodrame à l’Opéra, Florent Schmitt écrivait: «J’en ai aimé, plus encore que l’Évocation du dieu Hymen, au thème impérieusement martelé par les trombones, la haletante Course du flambeau: un orchestre dévastateur vous saisit, vous entraîne dans ses bonds vertigineux, vous étourdit de ses rafales timbalesques, que renforce encore une grosse caisse tonitruante, vous aiguillonne impitoyablement de ses petites flûtes acérées, de ses trompettes aiguës en sourdine, de ses sistres triangulaires, de ses flèches volantes de chanterelles, de ses grêlons de tambour de basque et vous mène, bon gré mal gré au bout de la piste, pour vous y laisser pantelants, écartelés. Je suis reconnaissant à M. Roger Ducasse de ces sadiques violences — ajoutait-il — et je me réjouis à l’avance des visages terrifiés des abonnés de l’Opéra, endormis, — que Willy me pardonne! — dans les Delibes de Capoue quand sonnera ce sinistre réveille-matin.» Mais depuis, les abonnées de l’Opéra et ceux aussi de la Société des Concerts prêtent une oreille plus avertie aux œuvres modernes. [GC25-83] |