C’est à partir de cet événement que Georg Friedrich Händel (1685-1759) composa en 1709 la cantate O numi eterni («Ô Dieux éternels») pour soprano et basse continue mieux connue sous le titre La Lucrezia. Le livret, qui aurait été composé par le cardinal Benedetto Pamphili, dépeint les différents états d’âme de Lucrèce suite au drame dont elle a été victime.

Humiliée, Lucrèce implore d’abord les Dieux afin qu’ils la vengent de Sextus. Cependant, voyant que ceux-ci restent sourds à sa demande, elle se tourne vers les «terribles déesses des Enfers». Suit alors une aria d’une impétuosité saisissante. Malheureusement pour Lucrèce, les Enfers, comme le Ciel, demeureront immuables. Un récitatif fait office de transition: abandonnée, sans recours, c’est dans la résignation la plus touchante qu’elle envisage maintenant de mettre fin à ses jours. À la fin, elle offre sa mort en sacrifice, coupable qu’elle se sent d’avoir souillé l’honneur royal. Cependant, au dernier moment, elle jure qu’elle se vengera du tyran en enfer.