Informations
Titre en français : Faust et Hélène
Année de composition : ca 1913
Instrumentation (fr) : voix, orchestre
Instrumentation (en) : voice, orchestra
Notice (fr) : La première scène essentiellement descriptive dépeint le calme mystérieux des nuits de Qalpurgis. Le thème grave qui dominera toute l’œuvre s’y expose lentement aux cordes puis aux trombones pianissimo (à quatre temps : la ré do, mi ré mi fa, sol bémol si bécarre do, fa sol la, ré do, si bécarre). Bientôt on entend un doux frémissement de quatuor en sourdine et le bruissement des sylphes qui voltigent autour de Faust endormi; deux flûtes alternées en un rythme sautillant et léger, accompagnées de pizzicati des cordes évoquent leur danse échevelée. Après un court récit de Méphistophélès qui veille sur le sommeil de sa proie, Faust se réveille en remerciant les esprits aériens du songe merveilleux dont ils le berçaient; le murmure des sylphes, qui n’a pas cessé pendant que Faust chante, devient de plus en plus imperceptible et disparaît complètement. « À quoi rêviez-vous donc? » interrompt brusquement Méphisto dont l’intervention est toujours soulignée par un même motif, court et rythmé. « À la beauté d’Hélène », répond Faust, et ici l’idée caractéristique de l’amour (à 4 temps : mi bémol, ré, do si sol, sol la bémol la bécarre si bémol si bécarre, do fa dièse sol ré, do fa dièse sol si mi, etc.) fait sa première apparition orchestrée au quatuor. Vif dialogue entre Faust dont l’ardent désir est de connaître « celle qui résume en son être tout l’idéal de la beauté » et Méphisto qui cherche à le détourner de son obsédante pensée. Mais Hélène, aux yeux de Faust, représente la beauté classique, la pureté de la forme et la simplicité de la ligne. Il l’évoque en son imagination, et sa vision est caractérisée par l’idée du désir de Faust (en C barré : fa ré bémol la bémol do fa, la bémol sol bémol, fa ré bémol do, do bémol, si double bémol la bémol…). D’une simplicité archaïque, la ligne mélodique, dégagée de toute espèce de recherche harmonique n’est soutenue que par des accords de harpe. Nouvelle tentative de Méphisto pour dissuader son client d’une si folle aventure. Vouloir posséder Hélène, « c’est tenter Dieu! » Mais Faust reste sourd à ces arguments et donne l’ordre irrévocable : « Je veux! »

Obéissant, Méphisto trace des cercles magiques : les cors dans le grave font entendre son motif caractéristique. Bientôt la nuit s’emplit de rumeurs vagues et de sonorités lointaines et alanguies. Le quatuor en sourdine chante des harmonies qui, par leur fréquent passage du mode mineur au mode majeur, prennent un caractère étrange; le motif du mystère de l’apparition (do sol, la sol do, sol) est dévolu au cor et bientôt surgit Hélène annoncée par le motif de l’amour que chante le 3e cor sous un dessin des violons. Elle fait entendre une lente et grave vocalise, sorte de lointain bâillement : « qui m’arrache à mon lourd sommeil? qui me ranime » dit-elle; et Faust émerveillé exprime son admiration et son amour. Mais, au souvenir des malheurs et des crimes dont ses charmes ont été la cause, elle repousse l’amour de Faust; en un mélancolique andantino surmonté d’une pédale aiguë discrètement voilée au quatuor elle dit sa tristesse : « J’ai souffert et j’ai fait souffrir », « Ne me force par à rouvrir, insensé, ma paupière close ». Mais Faust, de plus en plus pressant, enlace Hélène. Après une brusque modulation en mi majeur (tonalité dont le duo ne s’écartera que rarement et pour peu de temps) il exhorte Hélène à chasser les tristes souvenirs du passé. C’est une phrase qui se développe jusqu’à la fin du duo en un long crescendo de passion interrompu deux fois par un rappel du motif de l’amour à 9/8, chanté par le quatuor à cordes. Hélène renaît, sous l’ardent baiser de Faust. Tous deux retrouvent les accents fougueux du jeune âge. Après un rappel du thème mystérieux de l’apparition, exposé deux fois sous un léger dessin des cordes, suit une longue extase; enfin Faust, à mi-voix, invoque la nuit complice de leur amour; cette invocation qui sert de conclusion tonale au duo, rappelle par ses harmonies le motif du désir de Faust. Un cor, une trompette en sourdine et enfin les bois rappellent mystérieusement sous les tenues des violons en sourdine, la première mesure de l’invocation de Faust « Hélène au front de lys ». Mais bientôt le ciel s’obscurcit et se dressent, s’accumulent, s’approchent les fantômes des héros morts pour Hélène sous les murs de Troie. Méphisto, qui les a vus, interrompt brusquement l’idylle des amoureux. Le motif de la vengeance divine réapparaît orchestré aux basses et aux trombones. Faust recule épouvanté. Les fantômes avancent. Le thème, au rythme saccadé et nerveux, qui les caractérisent, est entendu au quatuor. « Voyez tous ces fantômes » s’écrie Méphisto. Faust et Hélène, tout à leur amour n’entendent par les exhortations de Méphisto. Les 3 voix se mêlent peu à peu, mais celle du baryton domine toujours; tout ce trio est construit sur le motif initial mais chanté par Méphisto et transformé à 9/8, tandis que le rythme persistant et obsédant du motif des fantômes grandit toujours jusqu’à l’apparition du spectre de Pâris qui s’avance et saisit Hélène d’un bras conquérant. À ce moment le thème de la vengeance divine éclate furieusement aux trombones. L’orchestre déchaîné évoque le terrible combat de Faust qui s’élance l’épée nue sur le spectre de Pâris entraînant Hélène, Faust en essayant de le frapper tombe foudroyé dans les bras de Méphisto : « Sur nous malheur nous avons tenté Dieu » s’écrie ce dernier en emportant vivement Faust évanoui, et l’œuvre se termine sur un allegro sombre et agité.

[GC5-184]

Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Claude Delvincourt Compositeur M