Informations
Titre en français : Une étude symphonique d’après «La nef» d’Elémir Bourges
Année de composition : 1906
Instrumentation (fr) : orchestre
Instrumentation (en) : orchestra
Notice (fr) : Le poème dramatique de M. Élémir Bourges, intitulé la Nef, a donné naissance à cette étude symphonique. C’est le mythe de Prométhée qui s’y trouve librement développé. La lutte tragique du Titan contre la Fatalité, contre les Hommes, contre le Déesses, est traduite dans l’œuvre musicale par l’évolution de thèmes caractéristiques, auxquels s’adjoint encore un élément mélodique supérieur, intervenant peu à peu dans le développement; il symbolise l’aspiration idéale de la douleur humaine, et il absorbe finalement en lui toutes les autres idées apaisées et consentantes. Mais loin d’être un développement thématique rigoureux, la symphonie s’affirme surtout poétique et disciplinée à l’idée littéraire.

[Exemples A à D]

Dès les premières mesures, les contrebasses et violoncelles s’efforcent à dessiner le grand thème dominateur et conclusif qui ne prendra sa forme complète que bien plus tard (ex. A); la clarinette en si bémol le chantera doucement sur des montées bruissantes du quatuor et des harpes. L’élément entendu le premier est le motif évocateur des Déesses de la Nature (Océanides) que la clarinette basse offre d’abord (ex. B), puis que le quatuor reprend, imité par les bois; c’est le point de départ d’un premier développement (reprise à la dominante). L’introduction ainsi terminée, l’œuvre commence à vivre dans le 3/4 suivant, début de l’Allegro, avec épisode central, sur le modèle de grande ouverture, analogue à Léonore ou à Wallenstein. Un cor et le cor anglais marquent dans un mouvement vif (ex. C) la figure tourmentée du héros. Graduellement, autour de ce schéma, vient s’agiter un thème secondaire rythmique, atteignant son intensité dans un élan du quatuor (ex. D). C’est l’idée qui s’applique au tumulte des Hommes innombrables et à la forge de Vulcain. On y perçoit comme le ricanement sinistre de la multitude narguant d’en bas le Titan, enchaîné sur la roche. Quand le calme s’établit, c’est le thème des Déesses de la Nature (B) qui revient onduler, tandis que le mouvement se modère. Là s’expose complètement le thème de Prométhée, en mi bémol (3/4 aux contrebasses). Alors commence le déchaînement de tous ces principes adverses combattant les uns contre les autres, passionnément, et avec des fortunes changeantes. Le point culminant de cette mêlée se trouve en un 9/4, où le tumulte des hommes fait rage, au quatuor, cependant que l’annonce de l’épisode central retentit aux trombones. Un moment de calme suit (thème A), puis c’est l’évolution en si bémol majeur de la nouvelle idée, traversée par les souvenirs lancinants et flétris des précédents éléments, bouillonnants et exaspérés. Le thème de Prométhée bientôt éclate en ut mineur dans tout l’orchestre, et laisse place, après un rappel du tumulte au thème voluptueux des Déesses de la Nature, à 3/2; le cor anglais déroule sa mélodie qui, en la bémol, s’épand, magnifiée ensuite par de nombreuses teintes très chaudes. Le thème (A) en ut majeur est le prétexte à une explosion lyrique ardente. Un suprême éclat de (B) aux trompettes (les Déesses) est le signal de la conclusion, où calme régnera seul en définitive le principe (A), aux premiers violons, pendant que s’éteignent paisiblement des murmures confus et discrets.

[GC5-132]

Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Gustave Samazeuilh Compositeur M