Informations
Titre en latin : Stabat Mater
Année de composition : 1724
Instrumentation (fr) : 10 voix, basse continue
Instrumentation (en) : 10 voices, continuo
Notice (fr) : L’auteur du Stabat Mater n’est pas connu, mais on considère aujourd’hui que le texte a probablement été écrit par un religieux franciscain au 13e siècle. De nombreux compositeurs l’ont mis en musique, notamment Josquin des Prez, Palestrina, Pergolèse, Schubert, Verdi et, plus récemment, Arvo Pärt. Le père de Domenico, Alessandro Scarlatti (1660-1725), composa également un Stabat Mater.

Le texte comporte vingt strophes de trois vers chacune et se divise en deux parties. La première partie regroupe les huit premières strophes (mouvements 1 à 3). Elles relatent la profonde affliction de Marie se tenant au pied de la croix où son fils vient d’être crucifié. Une question est énoncée dans les cinquième et sixième strophes :

Quel homme ne fondrait en pleurs
à voir la mère du Seigneur
endurer un tel calvaire?

Qui n’aurait le cœur abattu
devant la mère de Jésus
souffrant avec son Enfant?

Dans la deuxième partie, le récit passe à la première personne. Le narrateur supplie Marie de lui faire goûter sa souffrance et celle de son fils (mouvements 4 à 7) :

Ô Mère, source d’amour,
fais-moi ressentir ta peine amère,
pour que je pleure avec toi.

Et plus loin :

Pour moi, ton Fils couvert de plaies
a voulu tout endurer.
Que j’aie une part de ses tourments.

Car la compassion, l’amour se révèle être la seule chose qui puisse épargner l’homme de la damnation, comme l’expriment les dix-huitième et dix-neuvième strophes (mouvement 8) :

Pour que j’échappe aux vives flammes,
prends ma défense, ô Notre-Dame,
au grand jour du jugement.

Fais que je sois gardé par la Croix,
que je sois protégé par la mort du Christ dans le réconfort de la grâce.

Dans l’ultime strophe, le narrateur contemple sa propre mort et implore une dernière fois Marie (mouvement 8 [fin] à 10):

Et quand mon corps sera mort,
fais qu’à mon âme soit ouvert
le paradis de gloire! Amen.

On pense que Scarlatti composa le Stabat Mater lorsqu’il était à la charge de la Cappella Giulia à Saint-Pierre de Rome, soit entre 1715 et 1719. L’œuvre est écrite pour dix voix mixtes (quatre sopranos, deux altos, deux ténors et deux basses) et basse continue. À l’époque, les dix voix étaient souvent regroupées en deux chœurs identiques, formés de deux sopranos, d’un alto, d’un ténor et d’une basse. Cette répartition des effectifs permettait aux deux groupes de chanteurs de dialoguer entre eux. Scarlatti ne fait jamais appel à cette opposition traditionnelle. Il mise plutôt sur les innombrables variations de texture rendues possibles par les différentes combinaisons vocales. En outre, d’autres versions du Stabat Mater que celle entendue ce soir spécifient de très nombreuses alternances entre des sections tutti et soli.

Dans le Stabat Mater, Scarlatti a recourt à différentes stratégies afin de rendre le texte parlant. Par exemple, le contraste entre les «vives flammes» («Inflammatus et accensus») de l’enfer et le «grand jour du jugement» («in die judicii») de la dix-huitième strophe se traduit musicalement par l’opposition entre l’agitation des voix aiguës et le sentiment de gravité inspiré par les basses. D’autres cas démontrent hors de tout doute que Scarlatti savait utiliser tout le potentiel expressif de la voix et que son œuvre chorale en vaut le détour.

Rédacteur (fr) : Jean-Simon Robert-Ouimet
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Domenico Scarlatti Compositeur M