Titre en français : | Jour d’été à la montagne |
Numéro de catalogue : | op 61 |
Année de composition : | 1905 |
Instrumentation (fr) : | orchestre |
Instrumentation (en) : | orchestra |
Notice (fr) : | Écrite en 1905, cette œuvre op. 61 porte dédicace à Henry Kimkelmann et fut donné en première audition aux Concerts Colonne le 18 février 1906. Elle est inspirée par trois poèmes en prose de M. Roger de Pampelonne, intitulés Les Heures de la montagne. I. Aurore. Éveillez-vous, mornes fantômes, souriez au ciel, majestueusement, car un rayon sans l’Infini s’élève et vous frappe au front. Un à un se déroulent les plis de votre grand manteau, et les premières lueurs, en caressant vos rides altières, répandent sur elles un instant de douceur et de sérénité. D’une longue, haute et profonde série de tenues d’ut au quatuor divisé, émerge un roulement de timbale et deux pizzicati timides. Et sur un friselis de flûte s’élève un unisson vaste (six octaves) aux cordes : ex. (!). Le trombone entre prudemment à la reprise (ex. B) : [Exemple 1] Le tic-tac qui accompagne le développement de nature suivant les phases de la montée de l’astre symbolique. Le schéma caractéristique (B) présenté par le trombone, se transforme de cette façon (C) : [Exemple 2] Il passe ainsi aux cors et bassons, pendant de grands accords du quatuor, avant que la fête de la lumière ne déroule toutes ses cérémonies. C’est un luxe rare d’instrumentation, glissando de harpes, traits de clarinette, descente de bassons, cocoricos de flûtes, trilles de piano, trémolos de quatuor, toutes sonorités qui, séparées ou concomitantes, passent en longs frissons et dans un grand crescendo. Puis, c’est la trompette qui, après plusieurs essais, s’empare du motif (C), rutilant et vainqueur; il se charge encore de nuances riches et nombreuses dans le finale, où il rebondit des cors aux bois, cette fois en diminution, pendant que le quatuor exulte de joie. II. Jour. (Après-midi sous les pins.) Qu’il est doux de se suspendre aux flancs des larges gradins du ciel. Qu’il est doux de rêver… Ici tout devient hymne et prière… La Vie et la Mort se tiennent par la main pour crier vers le ciel : Providence et Bonté… Tout se tait… Traversant la lande ensoleillée, un chant doux et naïf m’arrive, apporté par le vent qui glisse à travers la profondeur des bois. Cette partie est occupée presque exclusivement par un travail d’infiltration du motif (D) : [Exemple 3] qui se rencontre, d’ailleurs, avec (C) et contribue à l’élargissement et à la transformation rapide de celui-ci. Après un repos, une trompette lointaine lance une sonnerie alerte qui entraîne le quatuor et les bois dans sa ronde, voici l’exemple à l’alto (E). La rêverie profonde succède à ces brutaux appels, par deux fois clamés et commentés longuement. Les échos redisent une brise très atténuée de (E), et la conclusion se fait très sereine en mi. III. Soir. « La nuit envahit le ciel protecteur, et la lumière, en déclinant, jette un souffle frais et rapide sur l’hémisphère fatiguée. Les fleurs s’agitent… Un dernier rayon caresse les sommets… Le bruit des clochettes, signe de la vie, s’éteint peu à peu… Bientôt tout sommeille… O nuit! l’Harmonie éternelle subsiste sous ton voile; la joie et la douleur ne sont qu’endormies. O nuit! la Vie dévorante s’agite sous le jour dévorant; elle se crée sous le manteau perlé de tes bras étendus… » C’est d’abord une fête assez tumultueuse. Les violons, doublés par les clarinettes, vont gaiement mener une ronde dont voici le début (F) : [Exemple 4] Les cors et les bassons apportent leur contribution un peu lourde à cette envolée et font partir en son honneur quelques fusées de gammes montantes. Puis, l’éclat des cuivres amène à l’harmonie le motif (C) en diminution et en sol dièse mineur. Le quatuor divisé riposte par le même sujet renversé et augmenté. Et le jeu se poursuit, instrumenté inversement. Les bois et les alti interrompent par un épisode plus calme cet échange d’aménités un peu brutales; c’est une phrase nouvelle, aux contours réguliers, en sol majeur, puis en mi mineur, avant le retour pressant de la seconde partie du thème (F) en bataille avec les derniers rayons de (C) qui décline à l’horizon, tandis que le cor achève une cantilène contemplative, et que le quatuor, toujours divisé et muni de sourdines, va peu à peu cacher le soleil derrière les montagnes et allumer lentement les pâles étoiles silencieusement jusqu’aux hauteurs infinies de l’éther. [GC5-57] |
Nom | Part | Fonction | Id éditeur | Genre |
Vincent d’Indy | Compositeur | M |