Le Prélude et l’Intermezzo des Caprichos romanticos se rapportent au caractère poétique général des œuvres becqueriennes, les autres Caprices s’inspirent de pensées et de moments déterminés dont nous donnons ici une adaptation aussi fidèle que possible :

No 2 Presto. — Esprit sans nom, essence indéfinissable, je vis de la vie sans forme de l’idée. Je suis note sur la lyre, parfum sur la violette, feu follet sur les tombes, et lierre sur les ruines. Et je cours derrière les nymphes qui, dans l’onde fraîche du ruisseau cristallin, folâtrent, nues.

No 3. — J’ai éloigné la lumière, et, sur le bord du lit défait, je me suis assis, muet et soucieux, le regard immobile et fixé sur la muraille.

Combien de temps suis-je resté ainsi? Je ne sais! mais quand l’ivresse horrible de la douleur m’eut quitté, la lumière s’éteignait, et sur ma fenêtre riait le soleil.

No 5. — Quand, dans l’ombre, troublant sa triste quiétude, une voix perdue murmure, si je l’entends résonner doucement en mon âme : dis-moi, est-ce le vent qui se lamente en tourbillons, ou bien ses soupirs en passant me parlent-ils d’amour?

No 6. Lento Presto. — C’est d’abord une lueur tremblante et vague, un rais de lumière qui coupe la mer, puis la lumière étincelle, et se dilate en une ardente explosion de clarté.

(Traduction G.-J. Aubry)

[GC2-324]