Informations
Titre en français : L’Oaristys
Année de composition : 1908
Instrumentation (fr) : orchestre
Instrumentation (en) : orchestra
Notice (fr) : Le prlude pour l’églogue d’André Chénier, imitée de Théocrite, n’a que la prétention de créer surtout, en suivant ce thème antique, une atmosphère adéquate. Les instruments bucoliques occupent donc le premier plan. Deux hautbois, deux flûtes, deux clarinettes, deux bassons, trois cors, à l’exclusion de tout cuivre, sont donc seulement employés concurremment avec le quatuor, d’ailleurs réduit à un petit nombre de pupitres.

Tandis que le berger Daphnis et la jeune Naïs dialoguent dans le bois sacré de la campagne sicilienne, la nature autour d’eux s’émeut, les branches, les oiseaux chantent; un parfum d’amour monte dans le soir calme. Tel est le résumé de cette simple évocation.

Le cor solo fait entendre seul le thème descriptif A. Le quatuor vient, en sourdine, le soutenir tendrement; puis la clarinette et le basson s’y adjoignent ensuite. Le hautbois à son tour lance une nouvelle phrase plus vive (thème B) établie d’après le mode grec des gammes rapides de la flûte de Pan. La flûte y réplique dans le même style. Ces deux timbres sont seuls à se renvoyer le motif C dans un contrepoint très analogue à ceux de Bach.

[Exemple 1]

Ainsi s’établit une couleur archaïque que l’auteur a préféré demander à un recul dans le style qu’à un pastiche dans le mode grec. Toute la pièce est d’ailleurs d’un caractère tonal très soutenu, avec le ton de fa prédominant. Ce n’est qu’après cette dialectique amoureuse que le quatuor intervient, en sourdine, pour faire résonner la note humaine, pendant que les jeux des deux instruments se continuent. Une émotion voilée traverse ainsi la série des propos légers des jeunes gens. La nouvelle mélodie D qui suit clôt la présentation des thèmes dont le développement, du reste, n’a rien de régulier, et n’obéit qu’aux lignes générales du dialogue. La flamme de Daphnis se fait de plus en plus menaçante. Une reprise du thème B, en gammes vives, accuse, dans le ton de ré, la passion plus ardente du soupirant. Puis en la majeur éclate D, également plus chaud, avec les cors et violoncelles; simultanément les violons à l’aigu chantent le thème pastoral entendu en dialogue précédemment (C). Cette phrase, où la polyphonie est constante, se termine par les soins de la clarinette, voluptueuse, qui semble chanter la glorieuse défaite de l’amoureuse bergère. La péroraison s’affirme picturale. Le violoncelle solo soupire, pendant qu’au-dessus de lui s’ébattent de petites notes piquées des flûtes et des bois. Ici se place un court intermède, sur un dessin à 9/8, successivement exposé par les bois et par le quatuor : (ex. E). Mais un frémissement des cordes marque la reprise de l’amoureuse conversation. Les oiseaux moqueurs lancent de légères fusées. Le thème D au violon solo se superpose au motif A repris par le cor. Pour finir, les trois cors en sourdine alternent par accords répétés avec des réponses du quatuor et des bois. Le thème épisodique E renaît un moment. Une diminution progressive du mouvement fait atteindre le calme heureux au couple des amants : Naïs, femme à présent, Daphnis, heureux époux.

Cette œuvre date de 1908. Son auteur, né en 1864 [sic], est le musicien qui obtint en 1900 le prix de composition musicale de la Ville de Paris, pour sa partition de La Vision de Dante, exécutée en novembre 1901 par l’orchestre Chevillard, et dont plusieurs fragments furent repris depuis. Comme grandes œuvres dans le catalogue de M. Brunel il faut encore citer Circé (1903), musique de scène pour la pièce de Ch. Richet, donnée à Monte-Carlo; le Prélude, donné aux Concerts Colonne en 1905; Mikhaill, petite suite d’orchestre, pour un drame de R. de Montesquiou, d’après Tolstoï (Théâtre des Arts, 1904); le Rêve de Sainte Thérèse, poème symphonique (Chevillard, 1910); d’autres poèmes symphoniques; plusieurs mélodies; des Pièces pittoresques jouées à Rouen, Monte-Carlo, Aix, Biarritz, etc.

[GC5-54]

Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Raymond Brunel Compositeur M