Titre en français : | Symphonie no 3 |
Tonalité : | Mi majeur |
Année de composition : | 1905-06 |
Instrumentation (fr) : | chœur, orchestre |
Instrumentation (en) : | chorus, orchestra |
Notice (fr) : | Comme la Symphonie de Thirion récemment entendue, cette œuvre a remporté le prix Crescent en 1906. La forme de cette Symphonie est très particulière. Comme les comédies antiques, chaque partie est précédée d’une sorte de prologue confié aux voix exposant les idées dont s’inspire la musique qui suit. Voici d’ailleurs le texte littéraire de M. Guy Ropartz, augmenté de quelques indications suggérées par l’étude de la partition. I. — « La nuit s’achève… Les étoiles, l’une après l’autre, se perdent dans l’aube naissante… Des brumes flottent, puis s’effacent… Et sur la Mer, et sur la Plaine, et sur la Forêt, le ciel s’éclaire, le Soleil paraît et son éclatante lumière embrase la nature en joie. » II. — Nature, nature, que t’importe, en ta joie, la détresse des cœurs humains? O Mer calme, tes calmes flots, pareils à des moires changeantes, frôlent les grèves mollement de leur caresse insoucieuse… Et pourtant les frêles vaisseaux, bercés sur tes vagues tranquilles, sont porteurs de détresse humaine!… O Plaine, sous les brises tièdes, tu frissonnes de volupté dans ta chevelure d’épis qu’alourdit le grain déjà mûr… Et pourtant les larmes des hommes, aux heures de labour pénible, ont fécondé ton sol aride!… O Forêt, ton âme joyeuse joyeusement palpite et chante dans les feuillages qui bruissent et dans la chanson des oiseaux… Et pourtant l’ombre de tes chênes s’étendit sur les vains autels où l’homme implorait des Dieux sourds… Soleil, tu resplendis!… Mais ta lumière est impuissante à percer la nuit de nos cœurs! Qui nous dira la raison de vivre!… Souffrir!… Souffrir! en nos corps, en nos cœurs!… Pourquoi? L’homme foule aux pieds l’homme; d’incessants combats nous épuisent. Opprimés sous des lois qu’imposent les plus forts, asservis par des rois, écrasés par des maîtres, nous pleurons, nul ne nous console; nous crions, nul ne nous écoute; et nos yeux sont las de regarder au ciel, dans l’attente vaine et le vain espoir qu’un Dieu se montre enfin. C’est l’apparition du Doute et de la Haine. La souffrance de l’homme ne trouve pas d’écho dans la nature. Un scherzo à 6/8, tout de haine et de rage — dit M. Maurice Emmanuel — « très développé » clôt cette partie. III. Pauvres humains, cœurs misérables, votre mal est en vous. Chacun gémit sur sa propre détresse; chacun se cherche en soi; chacun s’aime soi-même, et cet amour n’engendre que la haine. Aimez-vous les uns les autres, et vous pénétrerez la vie; aimez-vous les uns les autres, c’est l’unique loi, c’est là toute science; aimez-vous les uns les autres! Pour que votre souffrance vous soit douce, soulagez la souffrance des autres. Que votre labeur librement accepté s’efforce au bonheur de cos frères, il vous sera léger. Revêtez-vous d’Amour et de Justice, ouvrez votre âme à la bonté. Aimez-vous les uns les autres! Verbe divin, verbe consolateur! La nuit où nous marchions s’éclaire; le voile d’ombre se déchire, et voici qu’au soir de l’humanité une aurore nouvelle apparaît sur le monde! Aimons-nous les uns les autres! La justice et la vérité, la paix et la bonté se partagent la terre! Aimons-nous les uns les autres! L’humanité transformée monte vers la cité de joie et d’idéale liberté où les rois ne sont plus, ni les maîtres, où l’unique loi d’amour a remplacé les lois désormais inutiles! O Nature, maintenant sois en fête! O Nature, mêle ta joie à la joie immense des hommes! O Mer calme, sur tes flots calmes balance les vaisseaux heureux qui portent l’allégresse humaine! O Plaine, offre au désir des hommes la splendeur de tes épis d’or qui s’alourdissent de grain mûr! O Forêt, que ton âme chante dans les feuillages qui bruissent et dans la chanson des oiseaux, à la gloire des nouveaux autels! Et toi, Soleil, lève-toi radieux! Unis ta lumière éclatante aux feux de l’idéal soleil de Vérité, de Justice et d’Amour! L’Amour succède au Doute et l’homme exulte d’allégresse. Le motif triste de la seconde partie passe sous l’élan de joie du chœur sans le ternir. Et le soleil d’amour se lève. C’est, musicalement, le thème vibrant des cuivres qui sert d’apothéose à cette symphonie. [GC3-138] --- Cette Symphonie, la 3e de l’auteur, fut écrite en 1905-1906 et obtint le prix Crescent. La première audition en fut donnée par la Société des Concerts du Conservatoire, dans un concert consacré aux œuvres de M. Guy Ropartz, le 4 novembre 1906. On l’a réentendue les 18 et 27 novembre 1906. Depuis, elle fut exécutée à Nancy, à Lyon et aux Concerts Colonne. Cette symphonie offre la particularité de débuter toujours par une partie chorale. La troisième partie est presque entièrement accompagnée par les chœurs. I. La nuit s’achève… Les étoiles, l’une après l’autre, se perdent dans l’aube naissante… Des brumes flottent, puis s’effacent… Et sur la Mer, et sur la Plaine, et sur la Forêt, le ciel s’éclaire, le Soleil paraît et son éclatante lumière embrase la nature en joie. Les chœurs font entendre en raccourci le premier morceau. C’est une montée de la nuit à la lumière, les thèmes (a), (b), (c), (d), (e): [Exemple 1] serviront en quelque sorte de piliers à tout l’édifice sonore qu’est la première partie et suffiront presque à l’économie de l’œuvre entière. Succédant au chœur, l’orchestre se complaît dans une période ensoleillée, puis calme. Les idées littéraires exprimées par les chœurs servent de base absolue au plan qui va se dérouler, sans qu’il soit besoin, ni de développement, ni de formule connue. Les thèmes se divisent pour en laisser entendre d’autres et, lorsque les gammes vigoureuses ont annoncé le thème (e), celui-ci règne radieux, faisant place un instant seulement à la période de calme déjà signalée, pour reparaître plus éclatant sur un accompagnement de trilles et de gammes qui contribue à la rendre pur et lumineux. II. Nature, nature, que t’importe, en ta joie, la détresse des cœurs humains? O Mer calme, tes calmes flots, pareils à des moires changeantes, frôlent les grèves mollement de leur caresse insoucieuse… Et pourtant les frêles vaisseaux, bercés sur tes vagues tranquilles, sont porteurs de détresse humaine!… O Plaine, sous les brises tièdes, tu frissonnes de volupté dans ta chevelure d’épis qu’alourdit le grain déjà mûr… Et pourtant les larmes des hommes, aux heures de labour pénible, ont fécondé ton sol aride!… O Forêt, ton âme joyeuse joyeusement palpite et chante dans les feuillages qui bruissent et dans la chanson des oiseaux… Et pourtant l’ombre de tes chênes s’étendit sur les vains autels où l’homme implorait des Dieux sourds… Soleil, tu resplendis!… Mais ta lumière est impuissante à percer la nuit de nos cœurs! Qui nous dira la raison de vivre!… Souffrir!… Souffrir! en nos corps, en nos cœurs!… Pourquoi? L’homme foule aux pieds l’homme; d’incessants combats nous épuisent. Opprimés sous des lois qu’imposent les plus forts, asservis par des rois, écrasés par des maîtres, nous pleurons, nul ne nous console; nous crions, nul ne nous écoute; et nos yeux sont las de regarder au ciel, dans l’attente vaine et le vain espoir qu’un Dieu se montre enfin. Les chœurs s’adjoignent ici des solistes. À l’exposition sombre succède bientôt le thème calme (f), et ce jeu de contrastes se poursuit. Un fragment symphonique funèbre (g) coupe les chœurs qui s’expriment ensuite avec une désespérance plus accentuée. Un très long Scherzo bâti sur (h) suit la période chorale. Sa joie s’extériorise par intermittence car elle est combattue par un agrégat musical de caractère religieux et paisible sur lequel (h) continue à se faire entendre, fragmenté, rageur et violent. III. Pauvres humains, cœurs misérables, votre mal est en vous. Chacun gémit sur sa propre détresse; chacun se cherche en soi; chacun s’aime soi-même, et cet amour n’engendre que la haine. Aimez-vous les uns les autres, et vous pénétrerez la vie; aimez-vous les uns les autres, c’est l’unique loi, c’est là toute science; aimez-vous les uns les autres! Pour que votre souffrance vous soit douce, soulagez la souffrance des autres. Que votre labeur librement accepté s’efforce au bonheur de cos frères, il vous sera léger. Revêtez-vous d’Amour et de Justice, ouvrez votre âme à la bonté. Aimez-vous les uns les autres! Verbe divin, verbe consolateur! La nuit où nous marchions s’éclaire; le voile d’ombre se déchire, et voici qu’au soir de l’humanité une aurore nouvelle apparaît sur le monde! Aimons-nous les uns les autres! La justice et la vérité, la paix et la bonté se partagent la terre! Aimons-nous les uns les autres! L’humanité transformée monte vers la cité de joie et d’idéale liberté où les rois ne sont plus, ni les maîtres, où l’unique loi d’amour a remplacé les lois désormais inutiles! O Nature, maintenant sois en fête! O Nature, mêle ta joie à la joie immense des hommes! O Mer calme, sur tes flots calmes balance les vaisseaux heureux qui portent l’allégresse humaine! O Plaine, offre au désir des hommes la splendeur de tes épis d’or qui s’alourdissent de grain mûr! O Forêt, que ton âme chante dans les feuillages qui bruissent et dans la chanson des oiseaux, à la gloire des nouveaux autels! Et toi, Soleil, lève-toi radieux! Unis ta lumière éclatante aux feux de l’idéal soleil de Vérité, de Justice et d’Amour! Des ténèbres (i) s’élève bientôt une phrase de douceur consolante: (Aimez-vous les unes les autres!), s’éclairant par degrés. Un thème orchestral en forme de choral (j) lui fait suite, très lente méditation qui aboutit à une reprise par les chœurs de l’explosion d’amour. Mais l’ascension lumineuse continue encore, et c’est dans la joie la plus sonore que les voix mêlées de l’orchestre et du chœur concluent sur la vision de l’Eden terrestre entrevu. Les cuivres (trompette, puis trombone) disent le dernier acte de foi. [GC5-369] |
Nom | Part | Fonction | Id éditeur | Genre |
Guy Ropartz | Compositeur | M |