Le musicien n’a point voulu, croyons-nous, donner à ce préambule l’allure d’une véritable synthèse, non plus que d’un prélude explicatif et thématique de la pièce. D’une façon personnelle et musicalement indépendante de l’action dramatique et lyrique, il a commenté et illustré les idées générales que peut suggérer ce drame patriotique.

Les tableaux farouches de la guerre, le tumulte des batailles, l’ivresse de la poudre, la sainte folie du drapeau, les cris des mourants, la douleur des mères et des fiancées, tout l’héroïsme enfin et toute la brutalité des foules armées, tout cela chante et hurle en ces pages chaudement colorées. Entre temps, une évocation joyeuse et calme de la Paix splendide se précise aussi et fait entrevoir la sérénité des aubes fécondes et fraternelles, contrastant bellement avec les pages précédentes. Mais bientôt, comme une force du Destin, comme une loi Intangible — puisqu’humaine — le Monstre héroïque reparaît, dans la pourpre orgiaque et parmi les râles, avec adjonction de tubas, de tambours et de timbales, dont les recettes sont familières à nos jeunes compositeurs.

M. Noël Gallon est premier Grand Prix de Rome de l’année 1910. Il a obtenu cette récompense alors qu’il n’avait pas encore dix-neuf ans. Il est né à Paris le 11 septembre 1891. Il fit toutes ses études au Conservatoire où il obtint successivement les suprêmes récompenses : Harmonie (classe Lavignac); Contrepoint (Caussade); 1^er prix de piano (Philip et Risler 1909). Cette même année, il remporta le second Grand Prix de Rome. Enfin, depuis l’an dernier, il est pensionnaire de la Villa Médicis. Son professeur de composition fut le regretté Lenepveu, mais il travaille aussi sous la direction de MM. Caussade et Rabaud pour l’instrumentation. En 1910 également, la « Société des Compositeurs » a couronné une Fantaisie de ce jeune compositeur, écrite pour piano et orchestre (Prix Pleyel-Lyon).

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