Informations
Titre en français : Sonate pour violon et piano
Tonalité : La mineur
Année de composition : 1911
Instrumentation (fr) : violon, piano
Instrumentation (en) : violin, piano
Notice (fr) : Dupin est un compositeur connu de tous : des musiciens qui suivent avec intérêt ses efforts artistiques et des snobs se rappelant vaguement l’histoire bizarre de ce pauvre diable qui, dérobant ça et là quelques instants à la Compagnie du P.-L.-M., composait fébrilement « à l’abri des locomotives ». Cette inhabile légende aurait suffi à créer une popularité à notre compositeur s’il n’avait eu l’appoint plus précieux d’un véritable tempérament musical et d’une vocation sérieuse. Tout d’abord, on fut un peu effrayé de sa production indépendante relevant de l’autodidaxie complète, on désespéra de soumettre ses œuvres à l’analyse, estimant que ce « primitif du XXe siècle » ne se souciait pas de la forme cyclique, des combinaisons, déformations et retours de thèmes. Mais peu à peu, suivant l’évolution du musicien, on dut convenir que si Dupin avait une notion assez vague de l’écriture musicale et du contrepoint, il y suppléait du moins par l’introduction dans la trame musicale de mélodies secondaires donnant l’illusion d’une polyphonie complexe et inédite. Enfin, ceux qui furent conviés à l’avant-première de la sonate figurant à ce programme durent reconnaître que Dupin, affirmant une hardiesse rare, avait rompu avec le style de Sabine pour se conformer presque complètement aux règles traditionnelles de la syntaxe musicale. Et c’est pourquoi nous rompons nous-mêmes avec l’habitude de ne pas détailler les œuvres de Dupin et que nous publions avec grand plaisir l’analyse que fit de cette Sonate notre excellent collaborateur M. Paul Landormy, qui fut pour M. Dupin un ami de la première heure.

La Sonate pour piano et violon de Paul Dupin est une œuvre cyclique dont le thème générateur s’énonce au violon en trois membres de phrase:

[Exemple 1]

Tel est le début du premier mouvement : Avec énergie. Après quoi, une courte transition où apparaît déjà un dessin qui servira d’accompagnement obstiné et caractéristique dans l’Andante, nous amène à l’exposition du thème B :

[Exemple 2]

Alors commence un long développement des deux thèmes A et B au cours duquel apparaît un troisième thème épisodique C :

[Exemple 3]

Ce premier morceau s’achève sans qu’il y ait eu réexposition des deux thèmes initiaux A et B, selon le procédé classique.

L’Andante pastoral, qui forme la deuxième partie de l’œuvre, présente d’abord le dessin D, déjà indiqué au commencement de la première partie :

[Exemple 4]

sur lequel se détache bientôt, au violon, le thème E :

[Exemple 5]

longue phrase sinueuse d’un caractère méditatif, dont les divers retours seront préparés par des développements toujours tirés, soit des éléments de cette phrase elle-même, soit du thème générateur A. Ce thème A réapparaîtra notamment, de la façon la plus inattendue et la plus curieuse, en valeurs égales et en notes piquées pp une fois à la basse, une autre fois encore il accompagnera à la basse un chant passionné qui s’élève dans un long crescendo aux accents les plus pathétiques.

À l’Andante pastoral succède une Ronde conçue un peu dans le style de Bach ou de Scarlatti : c’est un canon à deux vois dont l’une est confiée au violon, l’autre à la main droite du piano, la main gauche soutenant l’ensemble par une basse dont les premières notes rappellent le thème A. Voici le début de ce canon :

[Exemple 6]

Un court rappel du thème A conclut brusquement.

Le final est précédé dune introduction pour piano seul d’un caractère religieux où le thème A se présente sous un nouvel aspect, à la basse, en attendant qu’il devienne le motif d’accompagnement G :

[Exemple 7]

sur lequel va se détacher le premier thème du final H :

[Exemple 8]

suivi des thèmes I, J, K,

[Exemples 9, 10, 11]

ce dernier accompagné, à la basse, par un trait en doubles croches issu du thème A. Après un court divertissement d’allure pastorale, sur la pédale ré-mi (thème L) :

[Exemple 12]

la conclusion ramène brièvement les principaux thèmes de la sonate, et notamment, pour finir, le thème A en valeurs égales et fortement accentuées sur un accompagnement en contretemps qui reproduit un fragment du thème de l’Andante E.

Cette Sonate, écrite pendant l’été de 1911, est dédiée à M. Armand Parent.

[GC3-60]

Rédacteur (fr) : P. L.
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Paul Dupin Compositeur M