Informations
Titre en français : Suite française
Année de composition : 1907
Instrumentation (fr) : orchestre
Instrumentation (en) : orchestra
Notice (fr) : Il y a dans cette œuvre, dans son titre même, une volonté évidente de ne point subir la griffe du Colosse allemand sans lui faire un beau pied-de-nez. Nous voulons dire que M. Roger-Ducasse, tout en employant avec une aisance et une permanence désinvoltes tous les procédés wagnériens — et post-wagnériens — a conçu pourtant une œuvre bien personnelle, dont les éléments primordiaux sont, malgré l’amas prodigieux des matériaux, dans un ordre très simple et très clair et dans une parfaite lumière. Une polyphonie chatoyante et compliquée, des batailles de rythmes, des dissonances rares, tout cela nous est offert avec l’ingéniosité élégante qui caractérise encore la race latine, et principalement, malgré de trompeuses apparences, la branche française.

La Suite française a été donnée aux Concerts Colonne le 28 février 1909. Son charme opéra si bien qu’on la redonna la même année. Elle fut ensuite jouée souvent tant en France qu’à l’étranger.

I. Ouverture. — Un crescendo de quatre mesures sert d’introduction au thème initial.

[Exemple 1]

Un pont, d’une élégance architecturale et instrumentale indéniable, nous conduit au deuxième thème à la dominante.

[Exemple 2]

Ici, un court repos classique; puis soudaine apparition, aux basses, de ce dessin vigoureux et significatif.

[Exemple 3]

Plein de relief et d’une couleur intense, il va s’entremêler au développement qui suit. Les bases de celui-ci sont fournies par le premier thème d’une part et la gamme des flûtes tirées du « pont » dont il fut question plus haut, concurremment avec un fragment du deuxième thème. Une pédale amène la réexpédition dans la force pleine et énergique. Elle aboutit à un 12/8 par un développement rythmique, et conclut par le premier thème.

II. Bourrée. — Le rythme est donné par les trompettes alertes, sur un si sonore (huit doubles croches et trois croches). Nous voici en mi majeur. Sans tarder apparaît le premier thème :

[Exemple 4]

Là, l’auteur se livre à un jeu très amusant, celui du partage de la mesure à 4/4. Et avec différentes étoffes orchestrales, fort solidement tramées d’ailleurs, il drape les portes qui nous conduisent au deuxième thème à la dominante, tandis que persiste le rythme « cellulaire », comme s’exprimerait le maître Vincent d’Indy.

Pour terminer, cette gaieté de bon ton s’éclaire d’une très brève reprise du thème initial, conduisant à une coda rythmique.

III. Récit et air. — Le récitatif, en ré bémol et à 6/4, s’exprime par la couche dune clarinette, s’il est permis d’ainsi parler.

[Exemple 5]

La phrase, tendre d’abord, s’anime dans sa déclamation, jusqu’à devenir âpre et violente.

Le quatuor accompagne ensuite l’exposition initiale de l’air que chante le hautbois d’amour, naturellement.

[Exemple 6]

Puis l’air, en fa, se déroule au quatuor, dans un beau mouvement de franchise et d’exquise tendresse lyrique et sonore.

IV. Menuet vif. — Le thème, assez long :

[Exemple 7]

s’expose entre des rythmes intercalés. Les basses alors viennent très longtemps inciter sur un fragment du thème (1 noire, 4 croches) qui amènera le Trio à 7/4, se développant sur les rythmes de 15/8 et 11/8, lesquels se mélangent encore avec le premier thème qui, sortant vainqueur de ce galant combat, finit par se réexposer seul. Suit la conclusion sur le thème coloré du trio.

Il y aurait de nombreuses remarques à faire sur l’instrumentation de cette œuvre, et l’habileté qui y préside. Ce sera pour une autre occasion.

M. Roger-Ducasse est né à Bordeaux le 18 avril 1873. Au Conservatoire de Paris, il appartînt à la classe de Gabriel Fauré et obtint en 1902 le premier second grand prix au Concours de l’Institut. Son bagage de composition comprend de nombreuses mélodies, pièces pour piano, etc., un Quatuor à cordes, des Variations plaisantes sur un thème grave pour harpe et orchestre, une Pastorale pour orgue, des chants pour voix de femmes et d’enfants.

[GC3-53] --- 1. Ouverture. — 2. Bourrée. — 3. Récitatif et air. — 4. Menuet vif.

Cette œuvre a été jouée aux Concerts Colonne le 28 février 1909, rejouée la même année, et entendue le 29 octobre 1911, au même Châtelet.

Une sorte de charge rythmique en crescendo précède l’entrée du rythme initial [1], qui s’accuse principalement au quatuor, avec des reliefs intermittents donnés par les bois ou les cuivres. Une phrase plus avenante fait contraste à cette entrée cavalière, ex. [2]. Les flûtes et les hautbois la posent au-dessus de l’agitation du quatuor, et d’une placide guirlande tressée par la harpe.

[Exemple 1]

[Exemple 2]

Ici, un court repos classique; puis, soudaine apparition, aux basses, de ce et significatif [3]:

[Exemple 3]

Plein de relief et de couleur intense, il va s’entremêler au développement qui suit. Les bases de celui-ci sont fournies par le premier thème, d’une part, et la gamme des flûtes tirées du « pont » dont il fut question plus haut, concurremment avec un fragment du deuxième thème. Une pédale amène la réexposition dans la force pleine et énergique. Elle aboutit à un 12/8 par un développement rythmique, et conclut par le premier thème.

II. Bourrée. — Le rythme est donné par les trompettes alertes, sur un si sonore (huit double-croches), et trois croches). Nous voici en mi majeur. Sans tarder, apparaît le premier thème [4]:

[Exemple 4]

Une grande partie du développement subséquent est occupé par des alternances de rythmes: 4 temps, puis 6/8 et 2/8; le hautbois domine parfois le concert, mais la gaîté est à l’ordre du jour jusqu’à la reprise du thème rituel dans la coda rythmique.

III. Récitatif et air. — Le récitatif, en ré et à 6/4, s’exprime oar la clarinette [5]:

[Exemple 5]

La phrase, tendre d’abord, s’anime dans sa déclamation, jusqu’à devenir âpre et violente.

Le quatuor accompagne ensuite l’exposition initiale de l’air, que chante le hautbois d’amour, naturellement [6]:

[Exemple 6]

Puis l’air, en fa, se déroule au quatuor, dans un beau mouvement de franchise et de tendresse lyrique et sonore.

IV. Menuet vif. — Le thème, assez long [7]:

[Exemple 7]

s’expose entre des rythmes intercalés. Les basses alors viennent très longtemps insister sur un fragment du thème (1 noire, 4 croches) qui amènera le Trio à 7/4, se développant sur les rythmes de 15/8 et 11/8, lesquels se mélangent encore avec le premier thème. Celui-ci, sortant vainqueur de ce galant combat, finit par se réexposer seul. Suit la conclusion sur le thème coloré du trio.

Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Jean Roger-Ducasse Compositeur M