Il contient deux thèmes cycliques présentés tous deux dans l’introduction du premier mouvement : le premier, d’allure rythmique, (a), et le second, plus particulièrement mélodique, (b) :

[Exemple 1]

Le premier mouvement renferme les deux thèmes classiques. Le thème (a) vient se mêler au développement central tandis que le thème (b) ne sert qu’au développement terminal du morceau.

Le second mouvement est un thème varié auquel s’adjoint parfois le thème cyclique (a).

Le no 3 est d’allure scherzo. Le thème cyclique (b) y apparaît accompagné du rythme de (a).

Le finale est précédé d’une introduction où apparaît encore une variante de (b). Ses thèmes lui sont propres et les thèmes cycliques ne reviennent que dans la conclusion.

Ce quatuor fut commencé en juillet 1909 et terminé en décembre 1910. Il est donné en première audition.

[GC2-214]

L’avant-propos — ou plutôt l’épigraphe — que l’auteur a écrit sur le seuil du premier morceau ne contient qu’une partie de la substance musicale employée. Mais la forme mi-rude et mi-souriante qu’il lui a donnée en fait une franche déclarations de principes. C’est un mouvement Modéré où alterne un schéma aux arêtes tranchantes quant au rythme, mais souples quant à l’élasticité mélodique. On y remarque donc une propension à la cellule « franckiste ». Le premier thème dont nous parlons donne le champ et sert ensuite de contrepoids à l’idée plus féminine (2) qui s’ébattra presque toujours souriante et triomphale au cours du long développement. Mais l’avertissement prend fin sur la cellule (a) à l’alto, dessin mâle que les cordes seules présentent, sur des dessins arpégés du piano (accords de septième altérés) ou des annonces d’un thème secondaire. Le 12/8 qui suit donne la parole au violoncelle et à l’alto unis pour l’exposition d’une mélodie (ex. 3) pouvant être considérée comme le premier thème.

[Exemples 1 à 6]

Le mouvement animé de ce 12/8 est soutenu par les mêmes physionomies d’arpèges du début. Les éléments s’en morcèlent par étapes; quelques-uns prennent la valeur de lieder originaux que des imitations très libres soulignent et conduisent en des terrains très variés de tonalités, quoique l’ensemble garde le plus souvent un certain lien avec un mode de sol mineur très spécial. Le thème (2) s’introduit peu à peu dans des épisodes de plus en plus passionnés. Une grande ligne mélodique (ex. 4), née du même thème (2), joint ses efforts à l’ascension de la phrase du 12/8. Après la brillante prise de possession que fait le piano du thème (4), les rythmes établis se croisent avec une ferveur exaspérée. Enfin, un ensemble très sonore réunit les trois archets sur le thème (2) dans la péroraison douce en sol majeur.

II. Lent. C’est un adagio traversé d’accents pathétiques et coupé aussi par une cantilène indépendante. Ces éléments sont reliés par le thème de tête de l’introduction, présenté sous une forme neuve, mais toujours aussi incisive. Il est juxtaposé un moment à l’idée particulière au mouvement, en mi bémol mineur, centre modal, pour aboutir au retour d’ut mineur et, en conclusion, à ut majeur, mais seulement dans les dernières mesures plus âpres.

III. Très animé. Ce scherzo classique à 6/8 a pourtant, en son milieu, un éclair de gaieté très neuve. Un temps de valse développe avec fantaisie une idée indépendante et fait fonction de trios à la dominante. Le thème en ré est figuré en l’exemple (5).

IV. Avant d’exposer le 5/4, matière primordiale dans l’ébullition de ce finale, des poussées rythmiques étagées semblent vouloir faire revivre le thème (1). Le piano se mêle plus activement à la lutte des partis. Mais sous un nouvel uniforme, on reconnaît les anciens combattants : notamment la forme (2) qui contraste par sa force séductrice avec les roueries viriles du thème à 5/4 (ex. 6).

[GC5-140]