L’action de Guercœur se passe au ciel pour les premier et troisième actes, sur terre pour le second. Les personnages sont ou célestes : Bonté, Vérité, Beauté, Souffrance, ou humains : Guercœur, Heurtal, Giselle.

Le premier acte intitulé dans la partition : «Les regrets», nous montre Guercœur conscient, puisque son être n’est pas encore dissocié dans l’infini, regrettant sa vie terrestre.

Des chœurs d’âmes glorifient la Vérité et se félicitent de ne plus ni sentir, ni pense : «Douce inconscience!»

Guercœur seul, avec des accents douloureux, regrette la vie, sa maîtresse, son ami, son peuple qui l’acclamait; il voudrait de nouveau «agir et créer». Il ne comprend pas les charmes du renoncement que lui vantent l’ombre d’une femme et l’ombre d’un poète et il supplie désespérément Vérité d’être touchée de ses plaintes. Il demande la vie, ne fût-ce qu’un seul jour.

Malgré Bonté et Beauté qui veulent laisser à Guercœur ses illusions, Souffrance à laquelle il échappa pendant sa vie veut châtier l’orgueil du héros et Vérité exauce son désir. Elle réunit germes et poussières et reconstitue le corps de Guercœur pour que son âme puisse l’habiter de nouveau. Il est prêt alors à retourner sur terre.

Les thèmes qu’emploie M. Albéric Magnard sont très caractéristiques et se distinguent facilement; sa mélodie, toujours très claire et expressive, ressort avec une grande netteté même dans les endroits les plus polyphoniques.

Dans le premier acte, les thèmes les plus importants sont ceux qui se rapportent aux idées de souffrance : sur un rythme ternaire, si, do, fa, si do do, fa fa, si; d’amour : sur un rythme à quatre temps, fa, sol, la, fa, ré do, si; de regret : à quatre temps, mi, si, sol, mi, ré do; de renoncement : à quatre temps, mi, si, do, sol, mi, do, si, etc…

Dans la suite, Guercœur retrouve sur terre sa maîtresse : elle l’a trahi avec Heurtal, son ami. Heurtal est devenu le tyran du peuple consentant à l’esclavage et reniant la liberté que Guercœur pensait lui avoir fait connaître. Désespéré, Guercœur se fait tuer en combattant pour elle et retourne au ciel repentant, conscient des vanités de l’être, du désir, du triomphe; glorifiant les puissances célestes en espérant des jours meilleurs pour l’humanité future.

[GC2-112]