Informations
Titre en français : Éros Vainqueur
Année de composition : 1905
Instrumentation (fr) : voix, orchestre
Instrumentation (en) : voice, orchestra
Notice (fr) : Ce conte lyrique en trois actes et quatre tableaux (poème de Jean Lorrain) fut terminé en 1905, accueilli par MM. Kufferath et Guidé et représenté au théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles, le 7 mars 1910. M. Sylvain Dupuis dirigeait l’orchestre et Mme Croiza interpréta le rôle d’Éros.

Le fragment exécuté aux Concerts Lamoureux est presque en entier le second tableau du premier acte. Éros, après avoir par ruse pénétré dans le verger où, loin de tout regard, sous les pommiers fleuris dorment les Trois Princesses, éveille celles-ci et, pour la première fois, révèle l’Amour à leurs yeux extasiés.

Le court prélude qui berce le sommeil des Princesses contient les thèmes principaux de l’œuvre.

C’est d’abord celui se rapportant aux Princesses, exprimé par la flûte:

[Exemple 1]

Puis, celui qui appartient à Éros:

[Exemple 2]

Un troisième thème enfin, esquissé dans le passage symphonique précédant l’éveil des Princesses, est celui par lequel, debout dans la clarté, le jeune dieu chante l’Amour universel, maître du monde:

[Exemple 3]

M. P. Onfroy de Bréville a été professeur de contrepoint à la Schola Cantorum. Élève de Franck, il collabora à l’orchestration posthume de Ghisèle. Outre le conte lyrique interprété aujourd’hui, M. P. de Bréville a écrit: Introduction et musique de scène des Sept Princesses de Maeterlinck. La Nuit de Décembre. Ouverture pour un Drame. Stamboul. Sainte Rose de Lima. Médeia. La Tête de Kemvarc’h, pour soli, chœur et orchestre. La Chanson des jeunes années, cantate. L’Ondine et le Pêcheur. Prière pour la France. Bernadette, pour voix et orchestre. Portraits de Maîtres, pour piano. Prières d’enfant, pour chant et piano, etc… — (Rouart, Lerolle, édit.)


(1re audition.) Acte II : Ballet et Air d’Éros.

Éros vainqueur, conte lyrique en trois actes, de Jean Lorrain; musique de P. de Bréville, fut représenté sur le théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles (direction Küfferath et Guidé) le 7 mars 1910. Le second tableau du premier acte fut exécuté, pour la première fois en France, aux Concerts Lamoureux, le 20 novembre 1910. Le fragment entendu aujourd’hui est une partie du Ballet-Pantomime et l’air d’Éros au second acte.

Trompant la surveillance du vieux gardien du verger où, parmi l’herbe écumante d’anémones, sous les pommiers en fleurs dorment les trois Princesses, Éros s’est glissé à travers les arbres, et doucement, lentement, les a éveillées… Puis, telle une apparition fugitive émanée en quelque sorte de leur rêve interrompu, il a disparu dans une subite intensité de lumière. Dès lors, les Princesses vivent dans la pensée constante de cette vision. Les importuns éloignés, seules en une salle du Palais, elles s’efforcent d’en reconstituer le souvenir, de se rappeler les gestes gracieux, de retrouver les mots ardents du jeune dieu à peine entrevu. Leur exaltation grandit avec la nuit et les ramène au rêve. Tandis que de nouveau elles s’endorment, devant leurs yeux clos ce rêve se réalise.

Ballet-Pantomime. — La vieille tapisserie de soie qui recouvre les murs représente le triomphe de l’amour. Éros est assis sous un arbre, ailé comme un papillon, et joue du violon, entouré des neuf Muses, des trois Grâces et de cortèges de nymphes et d’Ægypans. Cette tapisserie s’éclaire, les personnages en deviennent vivants.

Les neuf Muses, les trois Grâces. — Le premier en descend Éros suivi des Muses et des Grâces qui, dansant autour de lui, s’efforcent à le charmer.

Nymphes et Ægypans (ici commence le fragment exécuté aujourd’hui). — Des Ægypans sont accourus avec des nymphes et accompagnent les danses de leurs flûtes (1).

[Exemple 1]

Éros vainqueur. — Puis ils se mêlent aux Muses et aux Grâces. Transportés par l’amour, tous s’agenouillent et adorent Éros (3), au quatuor :

[Exemple 2]

Puis, aux altos et aux contrebasses, c’est un ensemble des Muses, des Grâces, des Nymphes et des Ægypans, (4) :

[Exemple 3]

Aux clarinettes passe le motif (5).

Éros se dresse triomphant dans la lumière, puis se penche vers les trois Grâces auxquelles il offre ses fleurs — comme au premier acte il les avait offertes aux trois Princesses.

L’orchestre est ici éclatant, car, dans le rêve seul, Éros est vraiment vainqueur. Aux cors, trompettes et quatuor, (6) :

[Exemple 4]

qui est modification du thème d’Éros du premier acte.

L’obscurité envahit peu à peu la scène, et tous regagnent à la hâte la tapisserie où ils rentrent dans la nuit grandissante. Les Princesses dorment toujours, (7) :

[Exemple 5]

La lune se lève. La fenêtre s’ouvre lentement. Éros apparaît, assis, sur le rebord, vêtu en bohémien, comme au premier acte, sa mandoline à la main. È la trompette et au quatuor, le thème (8), puis Éros chante et la trame de son chant est tissée de toutes les phrases d’amours contenues dans la partition.

« Tharsyle, écoute… Une prière
Ardente et pure, au bois t’implore!
Déserte ton passé qui dort;
Dans l’aventure et la lumière
Viens, âme en feu, prend ton essor.
Là-bas, l’on aime et l’on oublie;
Plus d´hiers; de bleus lendemains,
Des jours d’ivresse et des jours de folie
Des nuits de longue extase… et j’en sais les chemins…
Tes yeux m’attirent, c’est un rêve,
Ton désir et le mien sont autant de clartés,
Une étoile est en nous qui rit, et, je t’enlève…
Viens! vis ta vie, ô femme, et connais la beauté!
Si les taillis dans la nuit brune
Déchirent les longs voiles bleus,
Nous prendrons un rayon de lune
Pour en diamanter tes cheveux.
Viens, la rose en fleur de ta bouche
S’ouvre à l’Éros comme tes yeux,
À l’heure, entre toutes, farouche,
Où tous les désirs sont des dieux! »

[GC3-273]

Artistes impliqués
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Pierre de Bréville Compositeur M
Jean Lorrain Auteur M