Informations
Titre en français : La tragédie de Salomé
Numéro de catalogue : op 50
Année de composition : 1910
Instrumentation (fr) : orchestre
Instrumentation (en) : orchestra
Notice (fr) : La tragédie de Salomé fut jouée, il y a trois ans, au Théâtre des Arts, avec le concours d’un orchestre réduit, peut-être trop réduit! Depuis cette époque, l’auteur a modifié son œuvre et l’a réinstrumentée pour grand orchestre. La Suite symphonique qu’interprète l’orchestre Colonne nous semble bien comprendre cinq parties réunies en deux groupes et non pas seulement deux parties comme il a été affiché.

Pour chaque partie de cette œuvre, nous publions en caractères italiques l’argument de Robert d’Humières :

I. Prélude

Une terrasse du palais d’Hérode dominant la mer Morte. Les monts de Moab forment l’horizon, roses et roux, dominés par la masse du mont Nébo d’où Moïse, du seuil de la Terre Promise, salua Chanaan avant de mourir.

Le soleil est à son déclin.

Ce morceau, conçu dans une note grave, affirme un caractère franchement oriental. Le cor anglais y exprime, dans un mouvement lent, la phrase :

[Exemple 1]

et la flûte :

[Exemple 2]

II. Danse des Perles

Des flambeaux éclairent la scène. Leur lumière arrache des étincelles aux étoffes et aux joyaux qui se répandent hors d’un coffre précieux. Hérodias, pensive, y plonge ses mains, puis élève des colliers, des voiles lamés d’or. Salomé, comme fascinée, apparaît, se penche, se pare, puis, avec une joie enfantine, esquisse sa première danse.

Ce morceau s’enchaîne au prélude. Le rythme en est très vif, P :

[Exemple 3]

La forme est celle du Scherzo.

[Exemple 4]

III. Les Enchantements sur la Mer

[Exemple 5]

Les ténèbres enveloppent Hérode, perdu dans des pensées de luxure et de crainte…

Alors, sur la mer Maudite, des lumières mystérieuses s’émeuvent, semblent naître des profondeurs, les architectures de la Pentapole engloutie se révèlent confusément sous les flots. C’est comme une projection sur un miroir magique du drame qui se joue dans les cervelles du couple muet assis là dans la nuit. La musique commente la fantasmagorie démoniaque. Des terrasses de Sodome et de Gomorrhe s’exhalent confusément des mesures brèves de danses, des frissons de cymbales étouffées, des claquements de mains, des soupirs, un rire fou qui fuse…

Mais une voix monte de l’abîme.

Le morceau débute lentement, mystérieusement. On réentend les thèmes du Prélude qui, peu à peu, se dramatisent en un crescendo dont le point culminant est formé par les thèmes superposés d’Hérode, d’Hérodias et de Salomé, H’, H, S :

[Exemple 6]

La voix qui monte de l’abîme dit un chant recueilli sur les bords de la Mer Morte par Salvator Peïtavi. Cet air d’Aïça devient plus intense, il monte d’un degré chaque fois qu’il est repris par les voix ou par l’orchestre. Il donne enfin naissance à la tragique Danse des Éclairs.

IV. Danse des éclairs

Le ciel s’est obscurci, la mer mugit autour de la vision lumineuse. Un tonnerre lointain roule. Salomé commence à danser. Hérode se lève. Les ténèbres totales envahissent la scène et le reste du drame ne s’entrevoit que par éclairs. C’est la danse lascive, la poursuite d’Hérode, la fuite amoureuse, Salomé saisie, ses voiles arrachés par la main du Tétrarque…

Elle est nue un instant. Mais Jean s’avance et la recouvre de son manteau d’anachorète. Mouvements en faveur d’Hérode, vite interprétés par Hérodias dont un signe livre Jean au bourreau qui l’entraîne et réapparaît bientôt tenant la tête sur un plat d’airain. Salomé, triomphante, esquisse un pas, chargée de son funèbre faix. Puis comme troublée d’une inquiétude soudaine, comme si la voix du supplicié avait murmuré à son oreille, elle court tout à coup jusqu’au bord de la terrasse, et, par-dessus les créneaux, précipite le plateau dans la mer. Celle-ci apparaît soudain couleur de sang, et, tandis qu’une terreur éperdue balaie Hérode, Hérodias, les bourreaux en une déroute affolée, Salomé, s’abat évanouie.

Comme elle revient à elle, on aperçoit la tête de Jean apparue, qui la fixe, puis disparaît.

Salomé tressaille et se détourne. La tête, en un autre point de la scène, la regarde nouveau. De nouveau, Salomé veut se dérober. Et les têtes se multiplient, surgissent de toutes parts. Épouvantée, Salomé tourne sur elle-même pour fuir ces visions sanglantes.

La danse est écrite Animé sur un rythme à 3½/4 :

[Exemple 7]

Jean est mis à mort et sa tête est livrée à Salomé qui la précipite dans la mer. Salomé qui la précipite dans la mer. Salomé s’évanouit tandis qu’à l’orchestre un rappel douloureux du thème de Salomé est confié au hautbois et au violoncelle. Les cuivres menaçants «grondent» le thème de Jean, J :

[Exemple 8]

Salomé revient à elle et aperçoit la tête qui la fixe. Elle tressaille et se détourne : la tête est de nouveau devant elle. Affolée, et pour fuir cette vision, elle tourne sur elle-même, c’est la Danse de l’Effroi.

V. Danse de l’effroi

[Exemple 9]

Comme elle danse, l’orage éclate. Un vent furieux l’enveloppe. Des nuées sulfureuses roulent dans le précipice. L’ouragan laboure la mer. Des trombes de sable se ruent des solitudes désertiques. Les hauts cyprès se tordent tragiquement, se brisent avec fracas. La foudre s’abat, fait voler les pierres de la citadelle. La chaîne entière de Maab s’embrase. Le mont Nébo jette des flammes. Tout s’abat sur la demeure qu’emporte un délire infernal.

Tandis que l’orage éclate, des thèmes d’une des danses précédentes (qui ne fait pas partie de cette Suite) passent à l’orchestre. C’est la danse de l’Acier qui symbolise la cruauté, A :

[Exemple 10]

Lorsque la foudre s’abat et que les dômes du palais s’écroulent, le thème entendu dans les Enchantements sur la Mer, thème qui exprime l’angoisse et l’horreur, revient une dernière fois, suivi du thème de Jean que clament les cuivres et que les basses soulignent du thème de l’Acier.

Cette œuvre donnée aujourd’hui en première audition aux Concerts Colonne est encore inédite.

[GC2-137]


[Idem.]

Cette œuvre a été tout récemment gravée. (Durand, édit.) La dédicace est à Igor Strawinski. Il existe une réduction à 4 mains, par l’auteur, réduction jouable également à deux pianos.

Décor et costumes de M. Delhomas.

[GC3-444]


Ce drame muet en 2 actes et 7 tableaux fut écrit en 1907 pour orchestre réduit, puis réinstrumenté en 1910. L’œuvre est inspirée d’un poème de R. d’Humières. 1. Prélude (Une terrasse du palais d’Hérode dominant la mer Morte). 2. Danses des Perles. 3. Les Enchantements de la mer. 4. et 5. Danses des éclairs et Danse de l’Effroi…

[GC25-21]

Artistes impliqués
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Florent Schmitt Compositeur M
Robert D’Humières Auteur M