L’Introduction en ut mineur, lente et sombre, crée l’atmosphère de la ballade que le chant expose bientôt. Le premier thème, H, plane clame sur un accompagnement d’orchestre plus mouvementé, plus haché que l’introduction symphonique: Trois sorcières par trois chemins,

[Exemple 1]

Les personnages s’abordent, l’orchestre précipite les croches et la conversation s’engage. Une des sœurs propose la partie de cartes que figure un court interlude symphonique:

[Exemple 2]

La Sorcière blonde, jetant la dame de cœur, déclare être l’Amour «la fée altière, offrant aux mortels le paradis» et un solo de violon, doux et expressif, souligne ce dire:

[Exemple 3]

«En vain de moi l’on s’éloigne, dit la Sorcière brune, en battant les cartes, je suis la Douleur.» Et l’orchestre est secoué par des accords plaintifs, aux bois:

[Exemple 4]

La troisième, battant les cartes de ses «craquantes mains où semble damnée la frêle chance des humains», ricane sur le thème initial, H, transformé rythmiquement: «Ha! ha! la souffrance et l’amour ne sont que les jeux du sort» en se proclamant seule définitive:

[Exemple 5]

Une courte péroraison orchestrale empruntée au même thème, R, clôt cette scène lyrique par de douloureux accords, aux cuivres.

Composée en 1907, cette œuvre fut interprétée à Monte-Carlo, l’année suivante. La dédicace en est offerte à Mme Litvinne qui devait prêter son concours à ce concert, si l’autorisation directoriale de MM. Isolane lui avant pas fait défaut.

[GC2-43]