Informations
Titre en français : Sonate pour piano
Numéro de catalogue : op 63
Tonalité : Mi majeur
Année de composition : 1907
Instrumentation (fr) : piano
Instrumentation (en) : piano
Notice (fr) : Cette sonate en mi (op. 63) date de 1907. Pour l’ampleur de la conception, la richesse des idées, la nouveauté de la forme — nous écrit M. A. Groz de qui nous tenons l’analyse qui suit —, cette œuvre mérite de compter parmi les plus importantes de la littérature moderne. Elle ne comporte que trois parties: Introduction et Thème varié, Scherzo, Introduction et Finale en forme de premier mouvement. Trois éléments cycliques constituent sa charpente thématique. Ils sont exposés tous trois dans l’Introduction du premier morceau. Le thème I n’est autre que le thème même du Choral qui fera l’objet des variations subséquentes; mais il sonne en ce début de l’ouvrage de façon violente et impérieuse.

Le thème II, fortement contrasté, lui répond avec l’accent de la plus tendre supplication. Le thème III, tandis que le second se fait encore entendre à la partie supérieure, apparaît à la basse. C’est un élément de trouble et d’inquiétude qu’on retrouvera aux moments les plus sombres du conflit expressif entre les deux premiers thèmes.

L’Introduction est de forme binaire: ses deux fragments exposent les éléments précités selon les nécessités d’un équilibre tonal tonique — dominante, en mi et en si mineurs. La fin du second fragment ramène la dominante du ton principal et enchaîne à la première période du Choral. Le thème de celui-ci, d’une douceur et d’une gravité toutes mystiques déroule majestueusement ses sept périodes, qui semblent les sept branches du chandelier sacré. La dernière période est formée par le second élément conducteur, et sa répétition à la fin de chaque variation en fera comme le refrain implorant d’une instante prière.

Les Variations sont au nombre de quatre. Qu’il suffise de signaler leur but qui est d’amener progressivement le thème du choral du ton de mi min. à celui de mi maj. ce qui aura pour effet d’en modifier profondément l’expression. Dans la dernière variation, intervient le thème III. La septuple division du Choral y est aisément perceptible, mais l’ensemble n’en forme pas moins comme un long développement symphonique, durant lequel nous assistons à la lutte entre les sentiments symbolisés par des idées musicales soumises à des fortunes diverses. De cette lutte, le Choral finit par sortir confiant et rasséréné: sa réexposition complète en mi majeur termine ce premier morceau.

Le Scherzo qui suit appartient au type, imaginé par Beethoven, du «grand scherzo à deux Trios». Le thème du scherzo proprement dit est issu du thème II, assez brièvement exposé, il est aussitôt suivi d’un premier trio en mi bémol maj. construit sur le thème III et au cours duquel le thème du Scherzo reparaît, mais dépouillé de toute mélodie. Après une reprise du Scherzo vient le second Trio en ut min. De forme ternaire comme le premier, il est formé de nouvelles combinaisons polyphoniques dérivées du thème II. Le rythme du Scherzo persiste à travers ces éléments et engendre même dans la partie médiane une mélodie nouvelle, au rythme accentué de danse populaire. Enfin le Scherzo est répété une dernière fois et la pièce conclut après un bref rappel du premier Trio (thème III).

Le Finale constitue à lui seul une vaste composition qu’on peut diviser en trois parties, corrélatives sans doute, mais néanmoins bien distinctes l’une de l’autre:

1) Une Introduction, reproduisant à peu près l’Introduction du début de la Sonate , mais dans laquelle le thème qui va bientôt devenir la première idée du Finale, est substitué, encore vague et incertaine, au thème III.

2) Un premier mouvement de Sonate, dont les éléments constitutifs sont spéciaux à ce morceau, encore qu’on puisse y discerner une influence manifeste du thème II sur la seconde idée et même sur le tout.

Le développement, conduit normalement, reproduit dans l’ordre les éléments de l’exposition. La seule particularité à signaler est le retour, avant la réexposition, du thème du Choral (thème I), mystérieuse et lointaine préparation à l’apothéose finale.

3) Une Conclusion d’une importance inusitée, qui comprend d’abord une longue progression aboutissant à la dominante de mi maj.; puis une grandiose exposition intégrale du Choral, dont les périodes 5 et 6 sont combinées avec la première idée du Finale. Le calme renaît avec la septième période et finalement tout se fond dans la paix, dans la douceur et dans le silence.

[GC2-16]

Exécutions : 328758, 328797, 328889
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Vincent d’Indy Compositeur M