Notice (fr) : |
Ce ballet en deux actes qui paraît pour la première fois au concert, allégé de la partie dansée, fut donné dans sa forme intégrale au Théâtre des Champs-Élysées, en mai 1913. On se rappelle sans doute que le public manifesta plus sa terreur que son admiration pour cette œuvre relevant d’une esthétique essentiellement neuve et outrancière, tant au point de vue chorégraphique que musical. Cette évocation de la préhistoire russe, du culte du dieu de la Lumière, n’apparut pas très intelligible et l’on siffla. Notre rôle est ici de constater, sans critiquer. Au reste, il serait impossible de donner même un aperçu du plan de cette composition. La musique y a des licences qui déroutent et annihilent tout essai d’analyse. Emporté par le rythme trépidant, on ne peut s’arrêter à des détails de structure. D’ailleurs, il serait sans intérêt de signaler les bizarreries que l’on rencontre à chaque ligne, d’épiloguer sur les cohabitations de l’accord de ré mineur et de l’harmonique de mi bémol majeur, et de suivre les fantaisies de l’instrumentation. La « cellule », le « pont », la forme « symphonie » ou « sonate » ou « lied », etc. sont ici sans signification. Bornons-nous à dire que Strawinsky, ainsi que dans Petrouchka et dans l’Oiseau de feu y montre évidemment qu’il a fait siens les procédés de ses ancêtres russes. Ce n’est là sans doute ni le moindre, ni le seul de ses mérites. [GC5-395] |