Notice (fr) : |
S’ajoutant aux nombreux domaines déjà étudiés par la philosophie (langage, éthique, science, être en tant qu’être, histoire, etc.), la musique d’art pourrait être considérée comme la philosophie du son. Tout créateur de musique répond, souvent de façon inconsciente, à des questions de nature philosophique (que sont le bruit, le son, la musique?; Quels liens le son entretient-il avec le temps?; Que sont le rythme, la pulsation, la durée?; Quel devrait être notre rapport au son (jouissance pure, code social, prescription morale, contemplation mystique, ambiance, accompagnement à la danse)?; etc.). Dans ce contexte, la musique d’art se caractériserait comme le résultat d’une réflexion critique visant à rendre l’ensemble de ces questions conscientes, puis à leur trouver des réponses conséquentes à une démarche. Pour moi, l’écriture musicale représente un lieu de conciliation entre l’homme et la matière. Une fois le territoire de chacun bien délimité, le son apparaît comme une vibration mécanique quantifiable par la physique et tout le reste comme arbitraire et contingent. Ces contingences — qui conduisent le compositeur au choix arbitraire du matériau et de sa mise en forme — sont fonction de la physionomie (nature) de l’oreille et de son conditionnement (culture), de même que de la psychologie du sujet et des désirs qui en découlent (interprétation, expression, rémunération, séduction, etc.). Quant à la finalité de la musique d’art, elle est d’ordre symbolique: l’œuvre s’interprète en tant que représentation poétique. |
Notice (en) : |
Alongside the many fields of philosophical inquiry (language, ethics, science, the nature of existence, history, etc.), art music could be considered the philosophy of sound. All music creators are responding, often unconsciously, to questions that are philosophical in nature (What are noise, sound, music?; What is the relationship between sound and time?; What are rhythm, beat, duration?; What should our relationship be with sound — pure joy, social code, moral prescription, mystical contemplation, mood, accompaniment for dance? etc.). In this context, art music can be characterized as the result of critical reflection whose aim is to express these questions consciously, and answer them according to a given approach. For me, musical composition represents a place of conciliation between human beings and matter. Once each one’s space has been well defined, sound emerges as a physically quantifiable mechanical vibration, and everything else as arbitrary and contingent. These contingencies—which lead the composer to arbitrary choices of content and form—are a function of the physiognomy (nature) and conditioning (culture) of hearing, as well as the psychology of the subject and the desires that stem from it (interpretation, expression, remuneration, seduction, etc.). The finality of art music is symbolic: the work is performed as a poetic representation. |