Informations
Titre en français : Les hauteurs béantes
Année de composition : 2005
Durée : 11min 30s
Instrumentation (fr) : orchestre symphonique
Instrumentation (en) : symphony orchestra
Notice (fr) : Les hauteurs béantes emprunte son titre à celui d’un roman d’Alexandre Zinoviev, logicien russe né en 1922. Son livre traite de la société totalitaire et, par extension, du devenir de toutes les sociétés modernes. Voici un extrait de l’œuvre.

«(…) La Confrérie sélectionne des individus qui sont les meilleurs des citoyens du point de vue des critères officiels. Ces individus doivent être sains d’esprit, posséder un minimum de culture politique (lire les journaux et se rappeler leur contenu), observer les règles de la morale de tous les jours, celles de la discipline du travail, avoir une activité sociale (être un militant), etc. Nous appelons ces qualités par d’autres noms: arrivisme, esprit profiteur, absence de principes, etc. Mais ces noms sont ambigus: ils possèdent à la fois un sens sociologique et un sens moralisateur. Dans le sens sociologique, par exemple, l’arrivisme est un phénomène normal et sain. Dans le sens moralisateur, c’est la réalisation d’une carrière par des méthodes répréhensibles d’un point de vue moral.

Autrement dit, les adhérents de la Confrérie sont sélectionnés parmi les citoyens qui possèdent nettement les qualités d’un individu social. Formellement, ils répondent à toutes les exigences de la morale, du droit et du travail. Ils sont irréprochables. Quant à leur aspect soi-disant réel, il n’a aucune existence officielle. (…)» (Alexandre Zinoviev. Les hauteurs béantes. Lausanne: Éditions L’Âge d’Homme, 1977, p.446-447.)

Ce passage, comme plusieurs autres à travers ce livre, m’amène à me questionner sur ma nature de citoyen du monde de l’art, sur mes droits et mes devoirs en tant qu’acteur-communicateur d’une société fermée…

Ce que j’ai conservé de ce modèle, pour le transposer dans le domaine musical, est l’aspect du vertige comme caractère général. À cet égard, un enjeu principal de l’œuvre réside dans l’évolution du sens engendré par les silences. Ceux-ci se présentent d’abord comme le prolongement de la musique vers une nuance si douce qu’elle s’en trouve imperceptible; puis, ensuite, comme des interruptions du discours, des moments tendus et angoissants, des espaces paradoxaux… des hauteurs béantes.

Notice (en) : Les hauteurs béantes [The Yawning Heights] takes its title from a novel by Aleksandr Zinovyev, a Russian logician born in 1922. His book is about totalitarian societies and, in extension, the future of all modern societies. What follows is an excerpt from that work.

“(…) The Brotherhood selects individuals that, according to official criteria, are the best citizens. These individuals must be sane, have a minimum of political culture (read the newspapers and remember their contents), follow the daily rules of moral and work ethics, be socially active (i.e. be a militant), etc. Other words can be used to describe these qualities: ruthless ambition, profiteer, lack of principles, etc. But these words are ambiguous, as they convey both a sociological and a moralizing meaning. For instance, ruthless ambition, in its sociological meaning, is a normal and healthy manifestation. However, in its moralizing meaning, it is advancing one’s career using methods that are morally reprehensible.

In other words, members of the Brotherhood are selected among citizens who clearly have the qualities of a social individual. Formally, they fulfill every requirement of morality, law, and labour. They are beyond reproach. As for their so-called real aspect, it has no official existence. (…)” Aleksandr Zionyev. Les hauteurs béantes. Lausanne: Éditions L’Âge d’Homme, 1977, p.446-447. [Excerpt translated by François Couture.]

This passage, like several others in the book, pushes me to question my nature as a citizen of the Art world, and my rights and duties as an actor/communicator in a close society…

From that model, I retained the vertigo aspect as a general trait and transposed it into the field of music. In that regard, one of the work’s main challenges is the evolution of meaning through rests. These rests are first introduced as the continuation of music toward a level so quiet it becomes imperceptible; later, they take the form of interruptions in the discourse, moments of tension and anguish, paradoxical spaces…yawning heights.

Traducteur (en) : François Couture
Date (fr) : 14 novembre 2007
Date (en) : 14 novembre 2007
Autres informations (fr) : Les hauteurs béantes a été composée à l’automne 2005 et a été créée le 10 décembre 2005 par l’Orchestre symphonique du Conservatoire de musique de Montréal sous la direction de Raffi Armenian à l’église Saint-Sixte à Saint-Laurent (Québec, Canada). Les hauteurs béantes a remporté la 3e place (ex-aequo) du Prix Sir-Ernest-MacMillan au Concours des jeunes compositeurs de la Fondation {acro:socan} en 2006.
Exécutions : 22597, 22605
Artiste impliqué
Nom Part Fonction Id éditeur Genre
Simon Martin 100% Compositeur M
Création
Date : 10 décembre 2005
Interprète (fr) : Orchestre symphonique du Conservatoire de musique de Montréal, Raffi Armenian
Lieu : Église Saint-Sixte
Ville : Saint-Laurent
Province ou état : Québec
Pays : Canada
Événement : 22597