À la source de cette œuvre (parano-) lyrique, il y a le désir de décrire le sentiment provoqué par le processus de «virtualisation» qui entraîne le monde (en accéléré) dans l’âge du «salut binaire». Cette course pour en arriver à ne voyager que par circuits interposés mène directement à l’intersection de deux natures qui, un jour, ne seront plus jamais incompatibles: là où le numérique se confond avec le viscéral. Dans cette ère de machines à rêver intégrées au cerveau, on parle couramment le marketing criard grâce aux «turbo-pubs psycho-numériques téléchargées en supramémoire 24 heures sur 24». L’indexation de l’esprit à ce marché de la mnémonnaie concentre un pouvoir quasi-surnaturel dans l’ouvre-chef des vaporisateurs de l’histoire. Mais on ne saurait freiner l’économie de l’aveuglement qui nous pousse à faire toujours plus vite et plus vrai que nature afin d’instaurer cet univers d’illusions sans failles. Ressentir y aura sans doute une toute haute définition…

Le ViscéRéel a été composée aux studios de l’université Concordia en 1995-96. L’œuvre s’est mérité le premier prix, catégorie Musique électroacoustique, au Concours des jeunes compositeurs de CBC/Radio-Canada en 1997.